Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à l'hésitation autour du maintien ou du report des élections régionales et départementales au mois de juin. Selon lui, bien plus qu'une question de sécurité sanitaire, l'Élysée pourrait bien s'appuyer sur des arguments politiques.
L’Assemblée votera ce mardi (et le Sénat demain) pour ou contre le maintien des élections régionales en juin prochain.
Autrement dit, on devrait connaître dans les 36 heures qui viennent la fin du sketch sur la tenue de ce rendez-vous électoral.
Un sketch ?
Oui, basé sur le comique de répétition. Un coup, le gouvernement confirme les élections régionales et départementales au printemps. Un coup, il décale à l’automne. Un coup, il maintient en juin. Un coup il reporte à septembre. Et ainsi de suite... Alors bien sûr, le motif de ces hésitations n’est pas minuscule, c’est la sécurité sanitaire des électeurs et de ceux qui tiennent les bureaux de vote. Mais la réalité c’est qu’à la longue, tout ça a été instrumentalisé par l’Élysée. Tout est parti du raté des élections municipales, il y a un an, avec un premier tour lunaire, à la veille du confinement, et un second tour repoussé à un moment où plus aucune dynamique politique ne fonctionnait.
Un fiasco que le gouvernement ne veut évidemment pas reproduire.
Ça, Nicolas Beytout le comprend. Mais depuis, le contexte sanitaire a totalement changé, on a eu trois confinements, et des dizaines de millions de Français auront été vaccinés en juin prochain. Je ne vois pas pourquoi la France serait incapable de faire ce que les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne ont fait depuis quelques mois : voter, tout simplement voter. Si ça coince, c’est qu’il y doit y avoir une autre raison. Et c’est Emmanuel Macron lui-même qui a créé le soupçon, il y a près d’un an, en évoquant un report des élections régionales, idée régulièrement reprise et jusqu’à ces jours-ci par ses proches. Le but : repousser le plus tard possible et peut-être même pourquoi pas après la prochaine élection présidentielle tout scrutin qui pourrait montrer la faiblesse de la République en marche et des troupes macronistes.
Une raison politique donc, et non pas essentiellement sanitaire.
Voilà. Et pour ne pas assumer seul ce choix, le chef de l’Etat a multiplié les consultations et les concertations : avec les chefs de partis, avec ses proches, avec les différentes associations d’élus, et à chaque fois, c’est plutôt le maintien en juin qui l’emportait. Et à chaque fois, hop, une nouvelle consultation, comme s’il fallait absolument arriver à faire émerger une demande de report. Dernière pirouette, ce week-end : la consultation de tous les maires de France, dans un étrange processus inversé : après la concertation avec le haut de la pyramide, la concertation avec la base… De quoi mettre tout le monde mal à l’aise.
Tout de même, pour une fois que le pouvoir consulte.
C’est parfait, sauf quand ça devient un prétexte pour se défausser. On va voir, maintenant ce que le Parlement va voter. Ça devrait être pour des élections en Juin. Il restera à Emmanuel Macron à décider, enfin. Parce que sinon, le sketch continuera. Et pourquoi pas avec la création d’une Convention citoyenne pour demander leur avis aux vrais gens ? Ce serait une apothéose.