Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
C’est la prochaine grande réforme que l’on attend, celle de l’assurance chômage. Nicolas Barré nous révèle ce qui se prépare.
Ce qui se prépare, c’est un durcissement des conditions pour pouvoir toucher le chômage. Le Premier ministre le dira lors de son discours de politique générale le 12 juin. L’objectif est de faire autour d’un milliard d’euros d’économies. Aujourd’hui, il faut avoir travaillé quatre mois sur les 28 derniers mois pour toucher le chômage. Après la réforme, il faudra avoir travaillé deux mois de plus, donc six mois, sur une période plus courte de 24 derniers mois. Pour dire les choses autrement, aujourd’hui il suffit d’avoir travaillé seulement un jour sur sept pour avoir droit au chômage, ce n’est pas beaucoup. Après la réforme, il faudra avoir travaillé un jour sur quatre pour être indemnisé. Vous le voyez, c’est plus dur. Même si ça reste nettement plus généreux qu’ailleurs : en Allemagne, par exemple, si vous n’avez pas travaillé un jour sur deux sur une période donnée, vous n’avez pas droit au chômage.
Les conditions pour toucher le chômage seront donc plus dures, mais est-ce que les indemnités seront réduites aussi ?
Le gouvernement va proposer qu’elles deviennent dégressives après six mois pour les très hauts revenus, le seuil n’étant toutefois pas fixé à ce stade. Et puis autre source d’économie potentielle, le gouvernement est bien décidé à instaurer un système de bonus-malus pour les entreprises qui abusent des CDD, avec des gens qui alternent sans arrêt des périodes de travail et de chômage payé par la collectivité. C’est vrai que quand le système d’indemnisation du chômage est généreux, ça pousse à ce genre de pratique et on constate des abus dans certains secteurs.
Pour le coup, c’est une réforme que le patronat conteste ?
Oui car il n’est pas du tout prouvé qu’en taxant les entreprises qui recourent le plus à des CDD, ça encouragera vraiment l’embauche en CDI. Mais c’est une réforme qui est soutenue par une large majorité de Français, 73% selon un sondage Elabe que nous avons réalisé avec l’Institut Montaigne. Au passage, quand on demande aux Français quelles sont les principales raisons du niveau du chômage, ils citent en premier, à 42%, le système d’indemnisation qui n’encourage pas assez le retour à l’emploi. Autrement dit, les Français sont assez pour durcir les règles pour que le système soit moins généreux. En fait, pour qu’on se rapproche de ce qui se pratique ailleurs en Europe.
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