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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

 

La bataille pour les postes clés des instances européennes fait rage. Berlin vient de concéder une manche : l’Allemand Manfred Weber ne sera pas le futur président de la Commission. Mais du coup, ça renforce les chances de voir un Allemand diriger la Banque centrale européenne.

Oui et on peut considérer que la présidence de la BCE est LE poste européen le plus important. Pourquoi ? Parce que la BCE est la seule instance vraiment fédérale en Europe. Elle est la seule à être indépendante. Une fois nommé, son président a donc un pouvoir sans équivalent sur la scène européenne, sur le destin de nos économies. Pendant la crise de la zone euro, il avait littéralement un pouvoir de vie ou de mort sur les économies de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal.

Par chance à l’époque, l’Italien Mario Draghi a décidé de faire tout ce qui était nécessaire pour sauver les Etats qui étaient au bord de la faillite. Ce qui l’a d’ailleurs poussé à interpréter les traités européens de manière, disons, assez libre. Un autre à sa place aurait pu faire un choix différent.

Et c’est ce qui inquiète la France et les pays du Sud de l’Europe.

Oui. Le candidat allemand pour la BCE, qui est l’actuel patron de la banque centrale allemande, était par exemple très contre les mesures de soutien aux Etats européens qui se trouvaient au bord de la cessation de paiements. Il a même été jusqu’à attaquer en justice l’un des programmes d’aide mis en place par la BCE. L’affaire est remontée jusqu’à la Cour de Justice européenne qui lui a donné tort. Or il faut le rappeler: très concrètement, sans l’aide à l’époque de la BCE, plusieurs Etats européens n’auraient plus été en mesure de faire face à leurs dépenses, de payer leurs fonctionnaires. Vous imaginez le séisme. Voilà pourquoi le choix du président de la BCE est si important.

Soit c’est un pragmatique comme le sortant Mario Draghi, soit c’est quelqu’un de plus dogmatique.

Le candidat allemand, Jens Weidmann, conscient de son image de faucon, a mis de l’eau dans son vin ces jours-ci. On n’est pas dupes. Emmanuel Macron a ironisé sur le fait que Weidmann avait fini par retrouver "du bon sens". Sauf qu’une fois nommé, je l’ai dit, le président de la BCE se retrouve aux commandes d’une institution totalement indépendante. Certes, il ne la pilote pas seul, mais tout de même. Alors il y a d’autres candidats pour ce poste, notamment deux très bons Finlandais : l’ancien patron de la banque centrale de Finlande, Erkki Liikanen, ex-ministre des Finances, et son successeur, Olli Rehn.

Il y a aussi des outsiders comme le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. Le choix pour ce poste est crucial car le prochain patron de la BCE aura à gérer une crise financière, c’est une quasi-certitude. Et on aura intérêt ce jour là à ce qu’il soit pragmatique et créatif plutôt que rigide et légaliste.