Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Tout le monde connaît Uber. La société américaine de VTC va bientôt s’introduire en Bourse. Elle est valorisée 100 milliards de dollars et pourtant elle perd énormément d’argent : comment est-ce possible ?
Cela s’appelle un pari et c’est tout l’intérêt de la Bourse. Uber est devenu en quelques années le leader mondial des VTC. La légende veut que les deux fondateurs aient eu l’idée de créer Uber à Paris, en 2008, parce qu’ils n’arrivaient pas à trouver un taxi. De fait, il y avait un réel besoin, et pas seulement à Paris ! Aujourd’hui, Uber est présent dans environ 800 grandes métropoles mondiales, ils ont 100 millions d’utilisateurs. Mais ils ne gagnent pas d’argent, ils en perdent même énormément : 1,8 milliard de dollars l’an dernier, après 4,5 milliards l’année précédente.
Et pourtant, la Bourse y croit ?
Oui, comme elle croyait en Amazon avant qu’il gagne de l’argent. Uber espère récolter 10 milliards de dollars en s’introduisant en Bourse à New York début mai. Ce qui valoriserait l’entreprise autour de 100 milliards de dollars. Jusqu’ici, ce sont de gros actionnaires, dont des industriels comme Toyota, qui ont financé Uber. Là, tout le monde pourra acheter des actions et faire le pari qu’un jour Uber sera un jour une affaire rentable. Il y a un précédent : Lyft, le concurrent d’Uber, est déjà coté en Bourse. C’est un pari mais on voit bien que ces sociétés ont inventé un nouveau type de service et qu’elles sont en train de trouver leur modèle économique. Un modèle fondé sur la remise en cause d’un ordre établi : la preuve, c’est devenu un verbe, on dit se faire ubériser, comme les taxis se sont fait ubériser par un service plus simple, comme les banques se font ubériser sur une partie de leur activité. Le succès des plateformes comme Uber, c’est justement d’avoir révolutionné de vieux métiers et si Uber vaut 100 milliards, c’est parce que la Bourse parie que la révolution va continuer et même s’étendre.
Il va falloir quand même que les plateformes comme Uber abandonnent certaines méthodes, notamment sur le plan social ?
C’est un défi. De même qu’elles ont inventé un nouveau business, il faut adapter l’environnement social. Ca ne peut pas être la loi de la jungle avec des employés sans protection et sans droits. Mais il faut aussi une forme de souplesse. L’Institut Montaigne suggère des pistes pour que ces travailleurs soient à la fois autonomes et protégés, qu’ils aient accès à une mutuelle par exemple. Pour éviter que leurs droits sociaux ne soient complètement ubérisés.
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