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Le groupe italien Fincantieri renonce finalement à racheter les Chantiers de l'Atlantique, en concertation avec les gouvernements italien et français. Les incertitudes que faisaient peser la crise du coronavirus étaient trop lourdes. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

La vente des Chantiers de l’Atlantique tombe à l’eau. Le fleuron français de la construction navale va rester dans le giron de l’État.

En tout cas pour le moment car Bercy l’a toujours dit "L’État n’a pas vocation à rester propriétaire des Chantiers de l’Atlantique ad vitam aeternam". Mais la vente au groupe public italien Fincantieri ne se fera pas. Et d’une certaine manière, ça arrange tout le monde. Cela faisait des mois que le groupe italien, qui était censé reprendre la moitié du capital des Chantiers et donc en prendre les commandes, trainait les pieds. La crise du Covid, qui a mis parterre le marché des croisières, avait sérieusement refroidi l’appétit des Italiens. Dans un communiqué commun, les ministres français et italien de l’Économie invoquent d’ailleurs le contexte économique pour justifier l’abandon de ce rapprochement.

Bruxelles était également réticent.

La Commission s’inquiétait des risques en termes de concurrence car les deux groupes auraient constitué un géant de la construction navale. Cet "airbus des mer", comme certains l’avaient surnommé, aurait pu acquérir une position dominante et du coup, Bruxelles réclamait des concessions auxquelles Fincantieri avait refusé de se plier. Mais les réticences les plus fortes se trouvaient également côté français : les élus locaux, droite et gauche confondus, avaient pointé les risques de pillage technologique au profit de l’allié chinoise de Fincantieri, le chantier naval CSSC qui ne cache pas ses ambitions sur le marché des grands paquebots, la spécialité des Chantiers de l’Atlantique. Un rapport du Sénat avait d’ailleurs alerté sur le sujet. Bref, Saint-Nazaire était vent debout contre ce rachat et n’espérait qu’une chose : qu’il tombe à l’eau. C’est chose faite.

Reste que maintenant, le dossier revient à la case départ.

Et oui ! L’État, avec 84% du capital, se retrouve avec ce dossier sur les bras comme en 2016, après la faillite du précédent propriétaire des Chantiers, qui était un groupe coréen. Cela dit, ce fleuron historique de la construction navale française, dont les racines remontent au XIXe siècle, se porte encore bien. Son carnet de commandes est plein avec dix paquebots à livrer dans les cinq ans, sans compter la construction, côté militaire, de la coque du futur porte-avions nucléaire qui doit succéder au Charles de Gaulle. Il n’y a donc pas d’urgence pour l’État à trouver un repreneur. Sauf que face à des concurrents asiatiques qui montent en puissance, les Chantiers de l’Atlantique doivent se renforcer. Or les candidats connaissant le métier en Europe ne sont pas légion.