Pour faire face à la crise sanitaire et à la réduction conséquente baisse de voyageurs, la SNCF est obligée de repenser son offre TGV. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
La crise du Covid ne coûte pas seulement des milliards d’euros à la SNCF et par conséquent au contribuable, elle oblige également la compagnie de chemins de fer à repenser son modèle de fond en comble.
Comme dans le transport aérien, on ne sait pas quand aura lieu le retour à la normale, ni même s’il se produira un jour. À cause du télétravail, une partie de la clientèle d’affaires s’est évaporée. Reviendra-t-elle un jour ? Quand ? Personne n’est capable de le dire. Or sans cette clientèle d’affaires, c’est tout le très fragile édifice financier de la SNCF qui est compromis. Pourquoi ? Parce que c’est cette clientèle d’affaires qui fait les recettes du TGV. Et que sans les recettes du TGV, la SNCF ne peut financer ni son réseau, qui est vieillissant, ni les lignes sur lesquelles elle perd de l’argent.
Le patron de la SNCF veut donc repenser le TGV. Ça signifie quoi concrètement ?
Ça signifie d’abord qu’il va falloir remettre de l’ordre, de la clarté, dans les tarifs. Quel est le prix moyen d’un billet de TGV ? 45 euros. Or les clients ont l’impression que c’est beaucoup plus cher. Pourquoi ? Parce que le système actuel de tarification avec des prix qui changent tout le temps, comme dans l’aérien, en fonction de la date et des horaires, agace. Beaucoup de passagers ont l’impression de se faire avoir. Alors tant que la demande de billets de TGV dépassait l’offre, la SNCF n’avait pas trop de soucis à se faire. Mais aujourd’hui, avec la crise, c’est le contraire : il y a plus d’offre que de demande. Voilà pourquoi la direction de la compagnie veut mettre en place une nouvelle politique de tarifs. Avec un mot d’ordre : faire plus simple et plus lisible.
L’offre de TGV va aussi évoluer.
Oui, de nouvelles rames arrivent. Pas tout de suite, c’est pour 2023, mais ça changera la donne avec des trains beaucoup mieux connectés et surtout modulables : la SNCF pourra mettre plus ou moins de wagons par train, ce qui n’est pas possible avec les rames TGV actuelles. Les aménagements à bord seront également revus. Ce sont les vertus de la concurrence. La concurrence d’autres compagnies de chemin de fer qui pourront exploiter des grandes lignes. La SNCF italienne, Trenitalia, va desservir Paris Lyon et Milan. Les Espagnols se mettent aussi sur les rangs. La concurrence bouscule la SNCF et change le TGV : tant mieux !