Des baisses d’impôts étalées et un sérieux coup de frein sur les dépenses publiques : comment interpréter le message économique d'Edouard Philippe ?
L'édito éco de Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos. Bonjour Nicolas.
Des baisses d’impôts étalées et un sérieux coup de frein sur les dépenses publiques : comment faut-il interpréter le message économique du Premier ministre Edouard Philippe ?
Il prend d’abord un risque, celui de décevoir ceux qui attendaient des baisses d’impôt rapidement. Deux mesures importantes et très symboliques pour l’attractivité du pays, la réforme de l’ISF et surtout la "flat tax", c’est-à-dire la taxe à taux unique de 30% sur les revenus du capital, ces deux mesures sont renvoyées à 2019. Nous l’évoquions à ce micro dès la semaine dernière, ce n’est donc pas une surprise mais cela crée forcément un doute : ces mesures ne risquent-elles pas d’être encore reportées si la situation budgétaire reste difficile ? La surprise, en revanche, c’est le renvoi à la fin du quinquennat de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages. Là encore, Edouard Philippe prend un risque mais c’est aussi une vraie marque de courage politique et ça montre combien il est urgent que la France redresse ses comptes.
Justement, côté dépenses, il est beaucoup plus flou
Oui mais c’était un discours de politique générale et selon mes informations, les pistes d’économies ne vont pas tarder, j’ai des exemples. L’idée générale, d’abord, est inédite : Edouard Philippe veut stabiliser les dépenses publiques l’an prochain hors inflation. Ça n’a jamais été fait. Jusqu’ici, quand un gouvernement parlait de stabiliser les dépenses publiques, il ajoutait toujours un petit 1% d’inflation. Là, non, c’est une première. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire 15 à 20 milliards d’économies à trouver l’an prochain.
Mais il n’a pas dit où
Je vous donne deux pistes. La première concerne les transports : les nouveaux axes TGV comme Poitiers-Limoges, l’Autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne, le canal Seine-Nord etc. Ces projets vont être retardés. Selon la nouvelle ministre des Transports Elisabeth Borne (elle le dit ce matin dans Les Echos), il y a comme ça 10 milliards de projets d’infrastructure qui ont été lancés sur les cinq ans à venir et qui ne sont pas financés. Et puis autre piste d’économie, la politique du logement qui engloutit 2% du PIB et qui ne produit pas de résultats à la hauteur. Voilà le message du Premier ministre : à l’avenir, il va falloir renoncer à certaines dépenses.