Les sociétés spécialisées dans l’hydrogène flambent en Bourse. Les investisseurs croient aux promesses de cette filière industrielle. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Cela rappelle la bulle Internet, les sociétés spécialisées dans l’hydrogène flambent en Bourse. Les investisseurs croient aux promesses de cette filière industrielle.
Cela fait des années que l’on parle du formidable potentiel de l’hydrogène comme source d’énergie. Que de grands industriels comme Air Liquide ou Michelin, et une myriade de plus petits, travaillent à en démocratiser l’usage. Mais nous sommes peut-être arrivés enfin au point de bascule. C’est en tout cas le pari que font de nombreux investisseurs si l’on en juge par la flambée boursière des "pépites" spécialisées dans cette technologie. Que ce soient des fabricants d’électrolyseurs, comme la société française McPhy Energy dont le cours a été multiplié par six en un an. La société vaut près d’un milliard. Ou que ce soit des sociétés qui font des piles à combustible, pour convertir de l’hydrogène en électricité : c’est l’euphorie. Le secteur est en ébullition.
Il faut dire que les États misent très lourd sur l’hydrogène.
La France vient de lancer un plan à 7,2 milliards d’euros à l’horizon 2030 pour faire de ce gaz "l’énergie d’avenir de la France". L’accélération est très claire. Le précédent plan français que l’on devait à Nicolas Hulot se chiffrait royalement à 100 millions. On est passé des millions aux milliards, on a changé d’échelle. Le gouvernement table sur 50.000 à 100.000 emplois pouvant être créés dans ce secteur. On note la même accélération ailleurs en Europe, notamment en Allemagne qui mobilise des sommes encore plus considérables.
C’est le moment pour lever des fonds et développer cette filière.
Aujourd’hui même, une petite société française, HRS, pour Hydrogène Refueling Solutions, qui fabrique des stations de ravitaillement pour les véhicules à hydrogène, fait son entrée en Bourse. Elle emploie 34 salariés et est valorisée 384 millions d’euros soit 40 fois le chiffre d’affaires prévu cette année : ça montre bien l’engouement. Nous n’en sommes qu’au début du décollage de cette filière avec des applications dans l’industrie lourde, le raffinage par exemple, ou encore dans les transports : camions, bus, trains, bateaux et même aéronautique aussi un jour puisque Airbus a des projets d’avions à hydrogène. On parle depuis longtemps de la révolution de l’hydrogène. Elle arrive !