Dans son édito économique lundi, Nicolas Barré revient sur la fermeture programmée de la centrale nucléaire de Fessenheim. "Une décision purement politique" de François Hollande juge le directeur de la rédaction des Echos, "qu'Emmanuel Macron n'a pas eu le courage de remettre en cause".
Le moment est historique : c’est dans la nuit de lundi à mardi que la centrale nucléaire de Fessenheim, sur les bords du Rhin, sera définitivement déconnectée du réseau électrique.
Oui et c’est aussi un moment paradoxal : décidée par De Gaulle et Pompidou, mise en service sous Giscard en 1977, cette centrale est en parfait état de marche. Elle aurait pu continuer à fonctionner des années. Elle contribue, au même titre que les autres centrales, à l’indépendance énergétique de notre pays. Et c’est grâce à des réalisations industrielles de ce type que la France est l’un des meilleurs élèves du monde en matière d’émissions de CO2.
Au moment où la mobilité électrique est en train de décoller et où les besoins de production d’énergie décarbonée explosent, l’arrêt de Fessenheim apparaît vraiment pour ce qu’il est : une décision purement politique, prise par François Hollande pour plaire aux écologistes et qu’Emmanuel Macron n’a pas eu le courage de remettre en cause.
Est-ce que la fermeture de Fessenheim pose problème pour la fourniture d’électricité ?
L’organisme qui gère le réseau, RTE, a eu le temps de se préparer mais n’exclut pas des coupures cet hiver. Fessenheim était aussi raccordée aux réseaux allemands et suisses et exportait beaucoup d’électricité : en Allemagne, cette électricité nucléaire est aujourd’hui remplacée par de l’électricité produite au charbon. J’ajoute qu’après Fessenheim, la France prévoit d’arrêter 14 réacteurs dans les années qui viennent. L’éolien et le solaire vont monter en puissance, c’est une bonne chose, mais on sait que cela ne suffit pas.
L’exemple à suivre est le Royaume Uni : plus un kilowatt produit avec du charbon. Les énergies renouvelables, notamment l’éolien en mer, l’ont intégralement remplacé. Mais en parallèle, le Royaume Uni construit des EPR et investit massivement dans le nucléaire. Pourquoi ? Pour gérer l’intermittence, c’est à dire les moments où le renouvelable ne produit pas : quand il n’y a pas de vent ou pas de soleil. Si on veut plus de renouvelable - c’est souhaitable - il faut du nucléaire. Et il ne fallait pas fermer Fessenheim.