Alors que de nombreux pays ont suspendu l'administration du vaccin AstraZeneca, le laboratoire pharmaceutique est dans le viseur de Bruxelles suite aux nouvelles annonces de retard des livraisons. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca est sur le banc des accusés. L'Europe l'accuse de ne pas faire ce qu'il faut pour livrer les quantités de vaccins promises et l'Irlande a rejoint ce dimanche les pays qui suspendent son sérum.
Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le labo. Par mesure de précaution, plusieurs pays en effet ont suspendu l'administration de ce vaccin. Aucun de ces pays ne dit à ce stade qu'il y aurait un lien entre le vaccin et des cas de thrombose. 270 millions de dose du vaccin ont été administrées et le labo rappelle qu'aucun cas de décès n'a été rapporté. Bien au contraire, le vaccin sauve de très nombreuses vies, il faut le dire. Mais AstraZeneca a commis depuis le début plusieurs erreurs que le public ne pardonne pas à un groupe pharmaceutique.
D'abord, les premiers taux d'efficacité du vaccin annoncés étaient erronés. Ensuite, il y a eu des doutes sur l'efficacité pour les plus âgés faute de données, et enfin un manque de données encore sur sa réponse au variant sud-africain. Ajoutez à cela une direction générale peu transparente, distante. Le patron d'AstraZeneca, le Français Pascal Soriot, est confiné en Australie. Une direction qui, s'agissant cette fois de production, joue avec les nerfs de ses clients, à commencer par l'Union européenne.
Bruxelles reproche en fait à AstraZeneca de ne pas tenir parole
Et d'agir avec une certaine désinvolture. Le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton, remarquait ce dimanche sur cette antenne que lui, à la différence du patron d'AstraZeneca, avait fait le tour de toutes les usines du groupe en Europe pour comprendre l'origine des retards. Retards jugés "inacceptables".
Si rien ne bouge, l'Union européenne pourrait ainsi engager la responsabilité des dirigeants et des membres du conseil d'administration. Après tout, des millions d'Européens qui auraient dû être vaccinés à l'heure où nous parlons le seront avec retard. Et s'ils s'avère que ces retards de livraison du labo auraient pu être évités, ou qu'il a préféré livrer d'autres pays dans l'intervalle, cela signifie que de nombreux cas graves de Covid auraient pu être évités. Sur l'ensemble du semestre, AstraZeneca va livrer 100 millions de doses au lieu des 300 millions prévues. Beaucoup d'Européens sont aujourd'hui en risque alors qu'ils auraient pu espérer être protégés.