Les chinois arrivent sur le marché européen. Mais pourquoi donc la commission européenne a refusé la fusion Alstom-Siemens ? Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Des trains chinois en Europe ! Ce sera bientôt le cas, sauf si la nouvelle Commission européenne durcit sa politique.
L’histoire est édifiante : vous vous souvenez qu’au début de cette année, la Commission européenne avait mis son véto à la fusion entre le Français Alstom et l’Allemand Siemens. Argument de Bruxelles : les deux fabricants de trains auraient acquis une position dominante en Europe, notamment dans les trains à grande vitesse. Sauf que pendant ce temps-là, sous l’impulsion du gouvernement de Pékin, beaucoup moins à cheval sur les questions de concurrence, un colosse du ferroviaire venait de voir le jour. Un colosse deux fois plus gros qu’Alstom et Siemens réunis. Et c’est pour résister face à ce nouveau concurrent que Français et Allemands voulaient se rapprocher. Pas de panique, avait argumenté Bruxelles. Et là il faut citer mot pour mot ce que disait la commissaire à la concurrence Margrethe Verstager : "il n’y a aucune perspective d’entrée des Chinois en Europe dans un avenir prévisible".
Sauf que c’est ce qui est en train de se passer ?
Le fameux colosse chinois, CRRC, gonflé d’argent public, s’apprête à racheter un fabricant allemand de locomotives. Un rachat stratégique qui doit lui permettre de se familiariser au marché européen et notamment aux règles d’appel d’offres. Bref, le Chinois n’a pas mis longtemps pour mettre un pied sur le marché européen. Alors même que le marché chinois reste très fermé. Il n’y a aucune symétrie. C’est bien là tout le problème. La Commission européenne sortante a été naïve et aveugle. Les nouveaux commissaires européens qui prendront leurs fonctions le 1er novembre peuvent encore rectifier le tir et mieux protéger les intérêts industriels européens. Il n’y a pas de raison d’ouvrir notre marché à ceux qui ferment le leur.