Les premiers ateliers des Etats généraux de l'alimentation débuteront la semaine prochaine. A quoi faut-il s'attendre ?
Des réunions importantes commencent la semaine prochaine, mardi précisément, les premiers ateliers des Etats généraux de l'alimentation. L'enjeu est d'arriver à améliorer le revenu des agriculteurs et la sécurité alimentaire des consommateurs. Les objectifs sont élevés, et le dispositif prévu assez lourd. Dans ces conditions, est-ce qu'on peut vraiment s'attendre à des résultats ?
Ce que je peux vous dire c'est qu'il y a énormément de sceptiques dans les participants. La plupart vous disent : "On est obligé d'y aller (sinon on risque d'être montré du doigt ) mais on a du mal à y croire." Déjà parce que le dispositif est beaucoup trop lourd : 14 ateliers. La qualité des aliments, les circuits courts, le prix d'achat des produits agricoles, la lutte contre le gaspillage... Plusieurs réunions sont prévues pour chaque atelier jusqu’à fin novembre. Et à chaque réunion vous avez des dizaines de participants et pas de règle du jeu. Un proche du dossier me confiait : "Personne au ministère n'est capable de nous dire comment ça va se passer." Le mot d'ordre, c'est chacun va défendre son bout de gras.
Et alors sans règle du jeu, est-ce que ça vaut le coup de jouer ?
Oui parce que de toute façon, ça vaut le coup de poser les sujets sur la table, et d'avoir, autour de cette table, tous les acteurs concernés. Il peut en sortir de bonnes surprises. Mais pour le moment, les associations de consommateurs craignent surtout qu’il y ait des ambitions mais peu de concret. L'UFC que choisir par exemple, réclame depuis des années "moins de sucre, moins de gras, moins de sel" dans les produits de l'industrie agroalimentaire. Jusqu’à présent, le lobby des industriels est toujours sorti vainqueur et il y a peu de chance que ça change. Pareil pour les pesticides ou les perturbateurs endocriniens, peu d'espoir de victoire également de ce côté-là.
Mais alors est-ce qu'il va y avoir des gagnants ?
Eh bien, les gagnants pourraient être les producteurs, les paysans. Leurs revenus ne vont pas augmenter d'un coup de baguette magique. Mais les règles contractuelles entre producteurs, industriels et grande distribution pourraient évoluer. Un exemple : le lait, le porc, ou encore le blé pourraient être achetés au même prix toute l'année. Le prix serait fixé au moment des négociations qui ont lieu tous les ans entre les industriels et la grande distribution. Il y a aussi l'idée d'imposer des contrats long, sur plusieurs années. Que les agriculteurs puissent se dire : "J'ai un carnet de commande plein pour trois ans, donc je peux investir dans une nouvelle machine, donc améliorer mon rendement, donc mon revenu." Bref leur donner de la visibilité. C'est important, c'est l'une des priorités de ces Etats généraux. Mais l'ambition de Nicolas Hulot, c'est d'assainir toute la filière, qu'il résume ainsi : de la "fourche à la fourchette". Et pour le moment, eh bien cela semble mieux parti pour la fourche que la fourchette.