Le transport aérien est très loin d'être sorti d'affaire. Plombées depuis un an par la crise sanitaire, les compagnies entrevoient le bout du tunnel depuis les annonces de reprise du côté de la Grande-Bretagne. Mais le trafic en 2021 ne devrait pas dépasser le tiers de ce qu'il était en 2019.
Combien de compagnies aériennes vont-elles survivre à la crise du Covid ? Après une année catastrophique pour le transport aérien, les prévisions de trafic font froid dans le dos.
En fait, Matthieu, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est qu’après une année sans passagers, avec des aéroports désertés et des millions de vols annulés, les gens ont très envie de voyager et de reprendre l’avion.
Comment on le sait ? Parce que lundi, lorsque le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé une possible reprise des voyages internationaux à partir du 17 mai, on a assisté littéralement dans les minutes qui ont suivi à un bond incroyable des réservations : 600, 700% de hausse pour boucler des séjours en Espagne, en Grèce et ailleurs cet été. Easyjet, British Airways, Virgin, toutes les compagnies britanniques ont été prises d’assaut. Et d’ailleurs, leurs cours ont également décollé en Bourse, même Air France- KLM a gagné près de 6% hier.
Et la mauvaise nouvelle alors ?
Et bien elle nous est venue hier de l’IATA, l’association qui regroupe toutes les compagnies du monde. Et qui voit certes un scénario de reprise, mais beaucoup plus lent, pas avant l’été. L’IATA a même revu en baisse ses prévisions de trafic pour l’ensemble de l’année 2021 : le trafic ne devrait plafonner environ au tiers de ce qu’il était en 2019 avant le Covid.
Vous imaginez les conséquences. Un trafic divisé par trois par rapport à une année normale, cela signifie encore des pertes énormes pour le secteur : entre 75 et 95 milliards, selon l’IATA, après une année 2020 marquée par 120 milliards de pertes. Cela veut dire que les Etats, les contribuables, vont encore être mis à contribution cette année et de façon massive pour éviter des faillites en cascade. Car vu le niveau de trésorerie des compagnies, très peu parmi les 290 membres de l’IATA auraient de quoi tenir au-delà de cet été sans aides publiques.
Et ce sera le cas d’Air France-KLM ?
Oui, sa situation financière continue de se dégrader. Air France-KLM a reçu plus de 10 milliards de prêts des Etats français et néerlandais. Mais le groupe perd encore 12 millions d’euros par jour. Il aura donc encore besoin d’argent public.
Sauf que ses concurrents et Bruxelles regardent tout cela à la loupe : pour donner son feu vert au renflouement du groupe, Bruxelles exige des contreparties telles que la cessions de slots à Orly et à Amsterdam. Les compagnies low cost n’attendent que cela. Pour sauver Air France-KLM, on risque de renforcer ses concurrents : c’est le dilemme. La solution serait que le trafic reparte vite. Voilà pourquoi ce qui se passe au Royaume-Uni donne un peu d’espoir aux grandes compagnies aériennes.