Bien que validé le 21 juillet dernier, le plan de relance européen de 750 milliards doit encore être voté par les 27 États membres et un certain nombre de parlements locaux avant d'envisager sa mise en œuvre. Pendant ce ce temps, les États-Unis ont mis plus d’un tiers de leur PIB sur la table pour doper leur économie. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Alors que les États-Unis viennent d’adopter leur troisième plan de relance, l’Europe attend toujours le sien.
Aux Etats-Unis, il y a tout un débat pour se demander s’ils n’en font pas trop pour relancer leur économie, si les plans de soutien publics massifs mis en œuvre depuis un an ne vont pas provoquer de l’inflation, voire une forme de surchauffe. Nous ne sommes pas près d’avoir ce débat là en Europe car notre plan de relance de 750 milliards, nous l’attendons toujours. Il a été validé, le 21 juillet dernier. Mais on n’en a pas encore vu un centime car les 27 États membres, plus un certain nombre de parlements locaux, doivent le voter pour autoriser la Commission à emprunter sur les marchés financiers. Ça fait donc une quarantaine de votes dans les 27, vous imaginez la lourdeur. Or pour le moment, seuls quelques pays comme la France ou le Portugal ont donné leur feu vert définitif.
On se demande maintenant si le premier pays contributeur de ce plan ne va pas décréter un feu rouge.
Tout cet échafaudage est suspendu à une décision de la Cour constitutionnelle allemande. En fin de semaine dernière, elle a interdit au président allemand de promulguer la loi approuvant le plan de relance. Elle avait été saisie en référé par un groupe d’extrême droite qui ne supporte pas qu’un seul euro des contribuables allemands puisse aider à la relance des pays voisins. Les deux chambres du Parlement allemand avaient pourtant donné leur feu vert. On doit donc maintenant attendre que cette même cour constitutionnelle se prononce sur le fond. C’est un revers politique pour Angela Merkel mais c’est surtout inquiétant car tout retard est extrêmement préjudiciable : la Banque centrale européenne ne cesse de le dire, les économies européennes, la France, l’Italie, l’Espagne, toutes, ont absolument besoin de ces fonds pour faire repartir la machine, accélérer la relance, créer de l’emploi.
Et pendant ce temps, l’écart se creuse avec les États-Unis.
Washington qui a mis sur la table plus d’un tiers de son PIB pour doper son économie. Le pari de Joe Biden est de retrouver début 2022 le niveau de richesse qui aurait été atteint sans la pandémie. Il y a derrière cela aussi un calcul stratégique : pas question de se laisser distancer en quoi que ce soit par la Chine sur les marchés mondiaux. Donc on relance tous azimuts. La Chine est repartie sur les chapeaux de roues, les États-Unis relancent massivement et nous ? On attend les votes de nos voisins et le verdict de juges constitutionnels allemands, en espérant ne pas être définitivement distancés. Ce n’est pas gagné.