La révolution de la voiture électrique n'en est qu'à ses débuts. Et comme toutes les révolutions, celle-ci réserve son lot de surprises. Ce qui frappe peut-être le plus, c'est la profusion de nouveaux modèles qui arrivent sur le marché. Or, ces investissements ne sont toujours pas rentables. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
La révolution de la voiture électrique n'en est qu'à ses débuts. Et comme toutes les révolutions, celle-ci réserve son lot de surprises.
Chaque année, c'est très attendu, le cabinet Alix Partners dévoile une grande étude mondiale sur l'avenir de l'industrie automobile. Les consultants passent en revue ce qu'il y a dans les cartons de tous les constructeurs de la planète et ça nous donne une vision de l'avenir à la fois précise, car elle s'appuie sur les projets concrets des fabricants, et passionnante car cette industrie est en pleine ébullition.
Ce qui frappe peut-être le plus, c'est la profusion de nouveaux modèles qui arrivent sur le marché.
Ça donne la mesure, en effet, de cette révolution. En 2020, les 25 plus grands constructeurs mondiaux proposaient déjà 330 modèles de voitures rechargeables, c'est à dire soit 100% électriques soit hybrides. En 2023, ce n'est pas de la fiction, c'est ce qu'il y a réellement dans les cartons, nous en serons à 535 modèles ! L'embarras du choix. Autre mesure de cette révolution, les constructeurs prévoient d'investir 330 milliards d'euros dans les voitures à batterie dans les cinq prochaines années, imaginez, c'est l'équivalent de plus de 15% du PIB de la France.
Or, ces investissements ne sont toujours pas rentables.
C'est tout le problème de cette phase de transition que vit l'industrie automobile, contrainte d'investir des sommes folles dans une technologie aux marges faibles voire nulles et qui dépendent de la générosité des États. Une citadine électrique coûte en moyenne 8.000 euros de plus qu'une voiture thermique équivalente : les subventions sont donc encore indispensables mais elles ne dureront pas éternellement, surtout après la crise du Covid qui a asséché les caisses des Etats. Il faut aussi que les infrastructures de recharge suivent, or ce n'est pas le cas : on estime qu'il faut une borne pour 10 voitures électriques en circulation mais on est déjà au-delà en Europe et aux États-Unis, selon les calculs des experts d'Alix Partners. Cela veut dire encore d'autres investissements lourds. La révolution électrique n'en est qu'à ses débuts. Mais vu les dépenses engagées par les constructeurs, plus rien ne pourra l'arrêter.