Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
L’Europe va mieux protéger la vie privée de ses citoyens. Le règlement européen pour la protection des données personnelles, connu sous le sigle RGPD, entre en vigueur ce vendredi.
C’est un enjeu de souveraineté pour l’Europe. On dit souvent que les données numériques, c’est-à-dire toutes les traces que vous laissez en allant sur Internet et les réseaux sociaux, sont la matière première de l’économie du XXIe siècle. Or cette matière première est pillée, parfois de manière systématique : les 500 millions d’Européens sont une cible alléchante pour les géants du Net. D’où ce fameux RGPD visant à protéger les Européens de ce pillage à des fins commerciales voire politiques, on l’a vu avec ces millions de données pompées sur Facebook par la firme Cambridge Analytica pour soutenir Donald Trump.
C’est un sujet sur lequel l’Europe est unie.
Elle est unie et elle prend conscience de sa puissance : c’est la bonne nouvelle. Elle défend aussi ses valeurs : Internet est mondial, mais les sensibilités ne sont pas les mêmes partout. Les Européens attachent sans doute plus d’importance que d’autres au respect de la vie privée. Et ils ne veulent pas devenir une colonie numérique des États-Unis ou de la Chine, car c’est bien aussi cela l’enjeu. La moins bonne nouvelle, c’est que ces grandes puissances numériques que sont Google ou Facebook, avec leur armée d’avocats, sont beaucoup mieux placées que des firmes européennes plus petites pour s’adapter aux nouvelles règles. Avec le RGPD, la souveraineté numérique de l’Europe progresse, mais sans être encore garantie.