Emmanuel Macron a précisé ce jeudi qu’il n’était pas question de remettre sur le tapis sa très ambitieuse réforme systémique, la retraite à points, ambitieuse mais peu compréhensible et donc anxiogène. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Le "quoi qu’il en coûte" ne doit pas être synonyme de dérive sans fin des comptes publics, c’est le message délivré ce jeudi par Emmanuel Macron.
C’est un chiffre qui fait peur, même si on a du mal à en évaluer la portée : 220 milliards d’euros. Ce chiffre, dévoilé il y a moins d’une semaine, c’est le déficit budgétaire de l’État français attendu cette année. Pour le rendre plus concret, disons que ce déficit représente trois années de recettes de l’impôt sur le revenu. Bref, les comptes publics vont mal, très mal, la France n’a jamais connu un tel niveau de déficit depuis la Seconde Guerre mondiale. Il faut donc trouver des sources d’économies.
D’où le retour de la réforme des retraites.
Oui, pourquoi ? Parce que c’est le seul levier qui permet, en bougeant un ou deux curseurs, de dégager rapidement des milliards voire des dizaines de milliards d’euros d’économies. En bougeant des curseurs car Emmanuel Macron a bien précisé ce jeudi qu’il n’était pas question de remettre sur le tapis sa très ambitieuse réforme systémique, la retraite à points, ambitieuse mais peu compréhensible donc anxiogène. Non, il est question ici de réforme paramétrique, donc de jouer sur les curseurs de durée de cotisation ou d’âge légal de départ à la retraite.
Ce sont les pistes sur la table.
La piste la plus évidente consisterait à accélérer la réforme Touraine qui prévoit de porter la durée de cotisation pour une retraite à taux plein à 43 annuités en 2032. Si on rapproche cet horizon, par exemple à 2025, on économise un demi-milliard d’euros, de quoi financer des mesures pour les jeunes ou pour les petites retraites. Autre piste possible, durcir la réforme Touraine en augmentant les annuités nécessaires pour une retraite à taux plein. Troisième piste possible, plus radicale : augmenter l’âge légal, qui est de 62 ans actuellement, à 64 ans par exemple. Si on l’augmente chaque année de six mois, on économise 20 à 25 milliards. C’est considérable. Le message c’est de dire que quand on a un tel niveau de déficit public, il serait irresponsable de ne pas ne pas chercher des sources d’économies. On ne peut laisser aux générations futures la facture du "quoi qu’il en coûte", une dette énorme, et en plus un déficit abyssal du régime de retraites.