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Suez veut à tout prix faire échouer l’OPA de son grand concurrent Veolia qui possède déjà 30% de son capital. Ce dernier veut en prendre le contrôle pour devenir un groupe encore plus puissant. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le conflit dure depuis six mois. Les deux champions français de l’environnement, Veolia et Suez, se livrent une guerre capitalistique sans merci.

Alors que nous sommes en pleine période de crise, nos deux grands champions du traitement des eaux et des déchets s’épuisent littéralement dans cette bataille, Suez voulant à tout prix faire échouer l’OPA de son grand concurrent Veolia. Ce dernier a déjà un pied dans la place, puisqu’il possède 30% du capital de Suez. Mais il veut en prendre le contrôle pour devenir un groupe encore plus puissant, ce qui n’est évidemment pas du goût de Suez dont le périmètre se trouverait réduit.

Le groupe Suez deviendrait franco-français.

C’est ce qu’il redoute en effet. Si Veolia parvient à racheter Suez, il a d’ores et déjà annoncé qu’il cèderait les activités en France pour éviter l’abus de position dominante. Suez existerait donc toujours, mais ses activités se limiteraient à la France. Est-ce viable ? Oui. Mais c’est évidemment moins ambitieux. Aujourd’hui, Veolia et Suez sont deux multinationales. Il arrive assez souvent qu’ils soient concurrents sur des appels d’offres à l’étranger. Leur terrain de chasse est mondial car les secteurs de l’eau et des déchets sont en plein essor : partout, la demande est de plus en plus forte pour des services à l’environnement de grande qualité. Ce sont justement ces perspectives de développement qui motivent Veolia dans cette opération : avec l’apport de Suez, il veut faire de son groupe, comme le dit son PDG Antoine Frérot, un champion mondial de la transformation écologique. Et pour cela, de fait, la taille compte.

Côté Suez, on plaide qu’il vaut mieux avoir deux champions mondiaux français qu’un seul.

Oui et c’est pourquoi les positions sont irréconciliables. Maintenant, il est temps que cette guerre de tranchée prenne fin. Pendant que nos deux champions s’affrontent en France, ils risquent de perdre des marchés à l’étranger. Les enjeux ne sont pas minces : Veolia emploie 160.000 personnes, Suez 90.000. Il ne faudrait pas que cette guéguerre qui a déjà beaucoup duré profite à leurs concurrents.