François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Le président américain a estimé hier que le peuple allemand était en train de se retourner contre ses dirigeants. Une façon déguisée de dire qu’il le souhaite.
La mésentente ou plutôt le dialogue de sourds entre Donald Trump et Angela Merkel ne date pas d’hier. Il ne souhaitait pas sa reconduite à la tête de l’Allemagne et il l’avait fait comprendre en lui réservant un accueil glacial à Washington l’an dernier en mars, en refusant même de lui serrer la main devant les caméras dans le Bureau Ovale. Puis, en septembre il avait choisi comme ambassadeur pour aller s’installer en Allemagne, Richard Grenell. C’est un conservateur évangélique qui, une fois en poste à Berlin en mai dernier, n’avait rien trouver de mieux que de donner une interview au site populiste d’extrême droite Breibart dont l’ex éminence grise de Donald Trump avait été le patron. Et que disait-il alors ? Qu’il se donnait comme mission de renforcer d’autres dirigeants conservateurs à travers l’Europe ! Ce qui a été interprété comme une déclaration de guerre à la chancelière Merkel. On avait dénoncé l'ingérence politique de Poutine aux États-Unis en faveur de Trump. Il se passe en ce moment la même chose : Trump fait de l'ingérence en Europe au profit de ceux avec qui il veut s'entendre : les populistes polonais, hongrois ou italiens.
C’est un combat que Trump veut mener en Europe mais à usage interne aux États-Unis ?
Il veut faire d’une pierre deux coups. Il le dit lui-même dans ses tweets d’hier. Selon lui, la politique migratoire en Europe a été une catastrophe parce que des millions de migrants ont débarqué sur le sol européen et qu’ils ont, selon lui, modifié par la force la culture locale des pays d’accueil. Et d’ajouter que c’est précisément ce qu’il ne veut pas pour son propre pays. Or, il se trouve qu’après 500 jours à la tête de la Maison Blanche, Donald Trump n’a toujours pas réussi à faire adopter une réforme de l’immigration. Il se livre depuis quelques jours à un chantage qui consiste à dire : "si vous voulez que je ne sépare pas les familles lors de la reconduite à la frontière, votez pour en faveur de la construction du Mur". Un procédé dénoncé par les élus, par une partie des Républicains et jusqu’aux Nations Unies où l’on explique que c’est contraire aux conventions internationales.
On assiste à une coalition des nationalismes des deux côtés de l’Atlantique ?
On a bien vu lors de l’élection de Trump qu’il était applaudi par l’extrême droite européenne. Mais là on est en face d’une stratégie commune qui se fonde sur des valeurs qui sont contraires à celle de l’Europe et même de l’Alliance atlantique. Et l’on risque de s’en apercevoir le mois prochain au sommet annuel de l’Otan. La question du soutien militaire de l’Amérique aux pays de l’Alliance qui ne partagent pas sa philosophie identitaire est posée en pointillés.