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La démission surprise, samedi, du Premier ministre libanais, Saad Hariri, a fait l'effet d'un véritable séisme politique dans le pays. Il dénonce la mise en coupe réglée de son pays par l'Iran et le Hezbollah.

Dans la région, c'est la surprise du week-end. Samedi, le Premier ministre libanais Saad Hariri a démissionné de ses fonctions, pour dénoncer la main-mise de l'Iran et du Hezbollah sur son pays. Ce protégé de l'Arabie saoudite et critique du Hezbollah pro-iranien assure craindre pour sa vie.

Son père assassiné dans un contexte similaire. Il faut dire qu'il y a des raisons de penser qu'il ne s'agit pas simplement de paranoïa. En effet, son père Rafic Hariri, qui était Premier ministre avant lui, a été assassiné en 2005 dans un attentat à la voiture piégée, monté, selon toutes vraisemblances, par un commando du parti islamiste chiite, avec le soutien des services spéciaux syriens et la bénédiction discrète des dirigeants iraniens. Or, c'est exactement ce même front - Iran, Syrie, Hezbollah - que craint aujourd'hui Saad Hariri. Comme son père, il est sunnite. Comme son père, il a choisi de lier ses intérêts à ceux des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite. Et comme son père juste avant sa mort, il se trouve pris en tenaille dans un bras de fer brutal entre l'Iran et l'Amérique.

Pourquoi cette dégradation des relations ? Ce soudain regain de tension entre ces deux pays s'explique paradoxalement par la victoire militaire remportée sur l'Etat islamique. Daech était une menace, aussi bien pour les Occidentaux que pour les Iraniens. Depuis l’été 2014, un accord tacite existait entre l'Iran et les Etats-Unis pour mettre leurs divergences en sourdine, tant que les djihadistes n'étaient pas affaiblis. Au point que l'on a pu voir sur certains fronts des détachements de Forces spéciales américaines croiser des instructeurs des Gardiens de la révolution iranienne car il leur arrivait de soutenir les mêmes milices locales contre Daech. 

Problème : aujourd'hui, certaines de ces milices chiites sont devenues extrêmement puissantes. Leurs combattants commencent à rentrer chez eux, mais sans déposer les armes. Cela est vrai aussi bien en Irak et en Syrie qu'au Liban, où le Hezbollah est militairement très supérieur à l'armée nationale.

L'offensive américaine. Parallèlement, Donald Trump a décidé d'entamer au Liban un bras de fer régional, afin d'obtenir le désarmement des milices formées par l'Iran. Le Congrès américain a adopté la semaine dernière une panoplie de sanctions financières contre le Hezbollah, pendant que le département de la Justice inscrivait deux de ses chefs militaires sur la liste des terroristes internationaux les plus recherchées. Ni plus ni moins qu'une déclaration de guerre. Ce qui a mis le Premier ministre Saad Hariri dans une situation extrêmement inconfortable…

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