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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Pourquoi Trump décide de ne pas punir les Européens ?

Le président américain a choisi finalement de ne pas imposer de sanctions commerciales à l’Union européenne. Est-ce par calcul ou par raison ? 

C’est difficile de le dire car Donald Trump ne s’est pas exprimé sur le sujet hier et que son négociateur en chef sur le commerce, Robert Lighthiser, n’a pas cherché non plus à expliquer ce geste auprès des élus du Congrès qui le questionnaient à ce sujet. Mais on peut deviner trois raisons : la première est qu’effectivement Donald Trump a peut-être appris sur certains sujets à être raisonnable. Or la raison pour un président des Etats-Unis impose qu’on ne punit pas ses propres alliés. Dans ce monde incertain et hyper-violent avec le retour des Etats-puissances et des Etats-voyous, ouvrir d’autres fronts avec des pays amis sur lesquels on peut compter lorsqu’il faut se montrer solidaires, serait moralement douteux, engendrerait de la méfiance supplémentaire et désorienterait les marchés. C’est ce genre d’arguments qu’a fait valoir Emmanuel Macron dans son entretien téléphonique d’avant-hier soir avec Donald Trump.

Mais le président américain est aussi un homme d’affaires et il a pu être sensible à d’autres arguments.

Oui, lorsque la maison menace de prendre feu, l’Europe sait se mobiliser. Le nouveau ministre de l’économie allemand, Peter Altmaier, qui a été si longtemps l’éminence grise d’Angela Merkel à la Chancellerie, a jugé utile cette semaine de faire le voyage de Washington. La commissaire européenne au commerce, Cécilia Malström, également, celle qui a la réputation d’être si dure avec les multinationales américaines qui ne respectent pas les règles. Est-ce que leurs arguments ont porté. Se sont-ils montrés menaçants ? On finira pas le savoir. En attendant, bien sûr que Donald Trump n’est pas satisfait de voir l’Amérique accuser un déficit commercial de près de 150 milliards de dollars avec l’Europe, mais ce n’est pas en se lançant dans une guerre des tarifs et des taxes qu’on résout ce problème. Selon les estimations, imposer des taxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium aurait peut-être permis de sauver des emplois dans la sidérurgie américaine mais en aurait détruit bien davantage dans les autres secteurs industriels si les Européens avaient riposté en taxant un certain nombre de produits.

Il n’y a pas que les Européens à être exemptés des sanctions.

Oui et c’est là où la décision de Donald Trump nous désoriente. Il a finalement décidé de ne pas punir le Canada et le Mexique, soi-disant pour obtenir en échange qu’ils soient plus souples dans la renégociation du Traité de libre-échange nord-américain (ALENA). Mais aussi l’Argentine et le Brésil, le Japon, la Corée du Sud et l’Australie. Or les États-Unis importent de cet ensemble de pays, qui sont tous des alliés et certains sur le plan militaire, 90% de son acier. Autant dire que Trump a choisi de ne pas rentrer dans cette bataille de l’acier et de ne la livrer qu’avec la Chine. Cela tombe bien car c’est là qu’il obtiendra le plus de soutien de la part du Congrès et du noyau dur de son électorat. Si cela se trouve, c’est peut-être là que réside sa principale motivation.