Chaque jour, Anicet Mbida nous fait découvrir une innovation qui pourrait bien changer notre façon de consommer. Ce mercredi, il s'intéresse pour une fois à un échec technologique. IBM vient d’annoncer la revente de son super ordinateur dopé à l’intelligence artificielle, Watson, à un fonds d’investissement alors qu'il devait notamment révolutionner la médecine.
Une fois n’est pas coutume, ce matin, vous nous parlez d’un échec technologique. IBM vient d’annoncer la revente de Watson à un fonds d’investissement. Watson c’est son super ordinateur dopé à l’intelligence artificielle qui devait notamment révolutionner la médecine. Que s’est-il passé ?
Il ne fonctionnait pas ou alors très mal. En tout cas, pas aussi bien que ce qui avait été annoncé il y a quelques années. Watson était une vitrine technologie : l’héritier de Deep Blue, le premier ordinateur à avoir battu Gary Kasparov aux échecs. C’est aussi le premier ordinateur capable de battre des champions au Jeopardy. Le premier à débattre avec des humains. On l’imaginait donc capable de diagnostiquer des maladies rares, d’aider à trouver de nouveaux médicaments…
Malheureusement, la plupart de ceux qui l’ont essayé en sont revenus (je pense à l’hôpital Pompidou à côté de nos studios). Pourquoi ? Parce que ses résultats n’étaient pas toujours pertinents. Il a aussi fait plusieurs erreurs manifestes et des recommandations de traitement incorrectes, parfois même dangereuses. Bref, c’était la douche froide.
Qu’est-ce que ça veut dire pour l’intelligence artificielle que l’on présente comme une révolution depuis quelques années ?
Cela rappelle, une fois de plus, qu’il n’y a pas de technologie magique. Ce ne sont que des outils et c’est leur usage qui ensuite peut changer la donne.
Regardez la voiture autonome. Cela va faire 15 ans qu’on l’annonce comme une révolution. Or dans les faits, les seules qui fonctionnent sont des minibus qui roulent à 40 km/h sur des parcours balisés. Les quelques expériences de taxis autonomes ont une conduite hachée, la voiture s’arrête au moindre sac plastique sur la route. Elles sont incapables de conduire par mauvais temps. Résultat : beaucoup de constructeurs automobiles n’y croient plus du tout.
Est-ce qu’il y a quand même des secteurs où l’IA change la donne ?
Oui. La reconnaissance d’images, trouver des défauts sur une ligne de production. C’est là où il y a le plus d’avancées. Pour le reste, que ce soit les chatbots ou la compréhension du langage naturel, on est encore loin du compte. On le mesure d’ailleurs tous les jours avec nos assistants personnels.
Donc attention à toutes les technologies magiques : Blockchain, Réalité virtuelle, Metaverse… Le potentiel est toujours énorme. Mais attendons les vrais usages avant de parler de révolution.