"La colère s'exprime en Bretagne mais attention à la contagion", prévient Brice Hortefeux.
Brice Hortefeux, député européen UMP et ancien ministre de l’Intérieur.
Ses principales déclarations :
De quelle couleur est votre bonnet ?
"Votre question vestimentaire est un peu inattendue ! J'imagine qu'il serait bleu, blanc, rouge, avec sans doute un fond bleu étoilé, européen."
Rouge tout seul, c'est pour la Bretagne ou la démagogie ?
"En tout cas, c'est une expression qui est préoccupante parce qu'elle devient de plus en plus violente."
Est-il normal que le maire de Carhaix lance un ultimatum ?
"L'Etat ne doit jamais céder à des ultimatums. Mais pour autant, il ne doit pas être autiste ! Il doit être attentif, entendre et écouter."
Les menaces et l'impunité de certains casseurs bretons ne vont-elles pas devenir insupportables ?
"Oui, nous sommes dans un climat très particulier, très tendu, difficile, qui peut s'expliquer : il y a une colère qui s'exprime en Bretagne, attention à la contagion, elle peut être rapide."
A propos de l'écotaxe, que faut-il faire ?
"On a tout dit et son contraire ! Le gouvernement s'est embourbé, patauge, ne trouve pas de solution..."
La droite aussi...
"Non, pas du tout ! Je vais vous le démontrer ! La réalité est la suivante : le principe de l'écotaxe est juste, la légalité des procédures ne peut être mise en cause. J'ai écouté avec attention ce qu'ont dit les ministres qui ont géré cette affaire, notamment NKM et Thierry Mariani, les modalités sont naturellement parfaitement légales. En revanche, ce qui est vrai : le gouvernement a géré cette affaire totalement à contretemps."
Que fait-on ?
"C'est très simple : il faut d'abord la reporter sine die, et préparer sa réforme. L'explication du report est très simple : la crise est passée par là - ça a été voté à l'unanimité à l'initiative de la précédente majorité mais une crise majeure est arrivée - et le gouvernement a imposé plus de 50 milliards de prélèvements supplémentaires. Ce n'était pas le moment d'en rajouter. Les Français n'en veulent plus et n'en peuvent plus !"
A propos d'Ecomouv, comment expliquer que le décret qui lie l'Etat à cette société a été signé le 6 mai 2012 ?
"Pourquoi ça a été signé ? Pour une raison très simple : ça a été voté, il y a eu le temps des recours, les procédures, Tribunal administratif et Conseil d'Etat se sont exprimés... Ça aurait pu être le 7 ou le 8 mai... Le 6 mai, c'est la date de l'élection, pas de la prise de pouvoir... Mais c'est un simple souci de cohérence : ça a été voté à l'initiative de la majorité précédente, il était donc logique qu'elle prenne les décrets d'application. Il n'y a rien de très compliqué."
A propos des portiques détruits, c'est un Vert, François de Rugy qui demande à Manuel Valls de faire respecter l'autorité de l'Etat. On ne vous entend pas, à l'UMP...
"Si, bien sûr. Pour les Verts, c'est un changement radical de culture, ça va en surprendre quelques-uns. Mais bien sûr que dans l'opposition nous sommes pour l'ordre et pas pour le désordre."
Entre ministres de l'Intérieur, on se ménage ?
"Non, je suis préoccupé par exemple par l'évolution de la délinquance et de la politique migratoire qui est menée."
Vous avez des chiffres ?
"Ce sont des chiffres qui sont chaque mois de plus en plus cachés, dissimulés, on comprend pourquoi : ils s'aggravent chaque mois ! En terme de violences aux personnes, +5,18%, d'atteinte aux biens +4,94%, grande criminalité +13,9%, de vol à la tire +12,2%, et les patrouilles diminuent de 6,38% ! Ce sont les chiffres de septembre qui ne sont pas communiqués, qu'il faut chercher, dénicher, je comprends bien pourquoi !"
Manuel Valls a révélé hier des chiffres : 10.000 régularisations de sans-papiers supplémentaires en 2013 comparé à 2012. C'est la pente moyenne ?
"C'est très préoccupant. Les chiffres avancés, sur lesquels il y aurait beaucoup de commentaires à faire, révèlent une augmentation de 30% ! Ça veut dire que l'on augmente de 30% la possibilité de rester sur le territoire à des personnes qui sont venues en faisant un bras d'honneur - pardonnez-moi l'expression - aux autorités françaises, en disant : "On ne vous demandera pas l'autorisation, on arrive". On a beaucoup parlé de l'affaire Leonarda : la famille était en France depuis 4 ans et dix mois, ça multipliait les procédures, tout ça pour essayer de rester ! Avec la circulaire qui a été adoptée par le ministère de l'Intérieur, il leur manquait deux mois pour obtenir purement et simplement la régularisation !"
"Il y aussi l'augmentation des naturalisations, +18% ! Le gouvernement considère que l'accès à la nationalité est le début d'un parcours d'intégration ! Nous pensons exactement l'inverse ! L'accès à la nationalité française est l'aboutissement d'un parcours d'assimilation, c'est une vraie différence !"
Que demandez-vous à François Hollande ? Remaniement ? Dissolution ?
"Je me souviens de François Hollande reprochant à Nicolas Sarkozy de s'occuper de tout. Lui n'aboutit à rien ! Rien en terme de chômage, 1.000 plans sociaux en un an, 800 à 1.000 chômeurs supplémentaires par jour, et la Commission européenne qui vient dire qu'il n'y aucune perspective d'amélioration en terme d'emploi au moins jusqu'en 2015 ! Voilà la réalité ! Deuxième réalité : il n'aboutit à rien en matière de justice fiscale ! On a ponctionné 53 milliards d'euros, sur les ménages, les entreprises, ce sont les familles, les retraités, les artisans, qui n'en peuvent plus en matière de fiscalité ! Rien en matière de sécurité !"
"Je lui demande une chose simple : il avait pris comme engagement de construire une France apaisée, aujourd'hui la France est émiettée, blessée, humiliée, déchirée ! Il doit changer naturellement de politique."
Avec la même équipe ?
"Oh, ça c'est sa responsabilité."
A propos de "L'alternative", le mariage Bayrou-Borloo. Ils sont l'alternative ?
"Que deux appareils rassemblant une partie des centristes décident de se regrouper, c'est leur responsabilité. Est-ce une bonne chose pour l'opposition ? Très sincèrement je l'espère ! L'avenir nous le dira ! Il y a d'un côté Jean-Louis Borloo qui a été un ministre actif des précédents gouvernements, et effectivement François Bayrou qui a voté publiquement pour François Hollande et qui a dit en février dernier que, si c'était à refaire, il le referait. La réalité est très simple : ce qui est cohérent, constant, c'est que les Français qui condamnent la politique de François Hollande peuvent se retrouver, se regrouper, au sein de l'UMP."
Nicolas Sarkozy intime sur D8... Vous l'avez vu, il parait que vous avez été ému ?
"Emu, oui. Mais pas impatient : vous connaissez la pensée de Confucius, ce sont les petites impatiences qui ruinent les grands projets."
Et quand il dit : "Le recours ça n'existe pas" ?
"Oui, le recours, c'est une question d'orgueil. Le retour, une question d'humilité."