Etat d'urgence : le juge judiciaire est "marginalisé"

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SAISON 2015 - 2016

La présidente de la Ligue des droits de l'homme s'est exprimée jeudi au micro d'Europe 1 sur l'Etat d'urgence et la déchéance de nationalité. 

Le Conseil d'Etat a rejeté mercredi le référé de la Ligue des droits de l'homme visant à suspendre l'Etat d'urgence. Une décision qui n'empêche pas sa présidente, Françoise Dumont, de continuer à dénoncer "les dérives" de ce régime d'exception. 

"L'Etat d'urgence n'est pas fait pour gérer la persistance du danger". Si la Ligue des droits de l'homme est "soucieuse de la sécurité des Français", elle fait la distinction entre "le péril imminent, ce qui était le cas après les attentats" et "la persistance du danger". "L'Etat d'urgence est fait comme son nom l'indique pour gérer l'urgence, il n'est pas fait pour gérer la persistance du danger", estime Françoise Dumont. "Nous avons des outils pour gérer la persistance du danger. On fait un peu comme si, hors Etat d'urgence, l'Etat est complètement dépourvu de moyens pour protéger les Français", poursuit-elle. "Nous avons plusieurs lois antiterroristes, une loi sur le renseignement...Il ne faut pas croire aussi que l'on ne peut pas faire des perquisitions de nuit hors Etat d'urgence". 

"Nous avons des témoignages de dérive". Pour Françoise Dumont, "la façon dont est complètement marginalisé le juge judiciaire est un vrai problème". "Nous sommes dans un pays où le juge judiciaire est le garant des libertés individuelles et pour nous, il n'est pas laxiste, il joue son rôle", ajoute-t-elle. "Je peux vous dire que nous avons des témoignages de dérive aussi bien en terme d'assignations que de perquisitions". La présidente de l'association appelle à des manifestations ce samedi après-midi dans 70 villes de France. 

Sur la déchéance, "le président de la République a voulu faire un coup médiatique et politique". Concernant la déchéance de nationalité, Françoise Dumont juge que "le gouvernement ne sait plus comment sortir de cette situation dans laquelle il s'est mise". Cette dernière estime que la nouvelle mouture du texte pose problème : "quand on lit ce qui a été proposé, effectivement le terme de binationaux n'est plus dans la Constitution, la déchéance reste, c'est renvoyé dans la loi. Mais lorsqu'on lit correctement ce qui est prévu, ça concerne les binationaux".  

Invité(s) : Françoise Dumont