Jean-Baptiste Chastand, reporter au "Monde" et membre de l’équipe d’enquête sur les Paradise Papers, décrypte sur Europe 1 les mécanismes du cabinet d'avocats au cœur du scandale.
Dix-huit mois après les "Panama papers", place aux "Paradise papers". Ces révélations, qui ont commencé à être publiées dès dimanche soir, lèvent le voile sur les stratégies d'optimisation employées pour échapper à l'impôt, qui ne sont, elles, pas forcément illégales, comme l'explique sur Europe 1 Jean-Baptiste Chastand, reporter au Monde, qui a participé à cette enquête colossale.
Des pratiques légales, "au moins en apparence". "Contrairement aux Panama Papers, Appleby, le cabinet dont les documents ont fuité et qui opère dans dix juridictions off-shore du monde entier, s'évertue à respecter la légalité, au moins en apparence. Mais toujours avec un objectif ultime : faire baisser la facture d'impôts de leurs clients", détaille le journaliste, qui a écumé avec 400 confrères près de 13 millions de documents confidentiels pendant un an.
"Cela permet que ces failles soient fermées par les autorités". "On a affaire à des gens très intelligents", continue Jean-Baptiste Chastand. "C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on fait de nouvelles révélations, les failles en question sont souvent fermées dans les mois ou les années qui suivent par les gouvernements du monde entier, mais en face, il y a des gens qui passent leur vie à essayer de chercher de nouvelles failles. Et avec la mondialisation, c'est très difficile de tout surveiller en continue. C'est là l'importance de ces leaks, qui ne sont pas forcément faits pour révéler des choses parfaitement illégales, mais quand on les révèle, cela permet que ces failles soient fermées par les autorités."
De nouvelles révélations à venir. Il faut dire que cette optimisation fiscale représente 350 milliards d'euros chaque année, dont 20 milliards pour la France. Apple, Nike, la reine d'Angleterre ou encore le pilote de Formule 1 Lewis Hamilton ont déjà été épinglés. En attendant de nouvelles révélations. Notamment sur "des multinationales qui ont eu un impact en France", promet le reporter.