Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
30 après sa disparition, la mère Denis inspire… Emmanuel Macron
Jeudi matin à la une de la presse, une petite brève en une du Télégramme. Une petite brève pour rendre hommage à une femme née en 1893 dans le Morbihan, une femme qui a occupé une place immense dans l’imaginaire des Français et dans leur quotidien. Son métier, laver du linge. Elle était pour cette raison devenue l’égérie d’une marque de lave-linge…
La mère Denis a 79 ans quand elle est découverte en 1972 par un publicitaire. Immortalisée par la formule "Ça c’est vrai ça", elle devient plus qu’un symbole publicitaire car elle est justement le contraire d’une machine à laver. Humanité, authenticité, vérité, simplicité proximité, écologie. La mère Denis incarnait tout ça et les valeurs de la mère Denis, elles fonctionnent toujours.
Et c’est même ça que le Président veut incarner quand il parle aux maires ruraux. Laver le linge sale des français en famille, parler un langage de vérité, ne pas abandonner les territoires, ne pas renoncer à l’écologie et retrouver avec les Français cette proximité qui n’a jamais manqué à la mère Denis. Le Télégramme nous rappelle jeudi qu’elle a disparu il y a 30 ans à l’âge de 96 ans. Eh bien ce matin, ce sera la revue de presse la maire Denis.
Services publics dématérialisés : mise en garde du Défenseur des droits
Dans Ouest-France, Jacques Toubon, le défenseur des droits pense à des gens comme la mère Denis, des gens pas connectés, vivant dans des petites communes souvent âgés mais pas seulement. Le défenseur des droits s’inquiète de la dématérialisation des services publics. Autrement dit cette tendance de l’État à remplacer la relation humaine par de l'Internet et du formulaire en ligne. C’est le cas des impôts mais aussi d’un tas d’autres démarches qu’on peut faire sur Internet, et heureusement d’ailleurs.
Mais le risque est grand d’exclure les populations en difficultés, dit Jacques Toubon, celles qui ne sont pas connectées. Ça concerne les petites communes, moins de 1.000 habitants, et le Défenseur des droits donne ce chiffre : un tiers des Français s’estime peu ou pas compétent pour utiliser Internet et un ordinateur. Que propose-t-il ? Eh bien que 10 % économies réalisées en dématérialisant les services publics servent à accompagner ceux qui ne comprennent rien à Internet dans leurs démarches administratives. Ça se fait déjà, mais Toubon veut que la loi garantisse aux usagers un moyen classique de faire leurs démarches. De l’humanité, de la proximité, ça, c’est très mère Denis.
Ces services publics qui s’en vont…
C’est la une du Courrier de l’Ouest. Ils s’en vont certes, mais les Français eux ils restent dans les petites communes. Un français sur trois vit dans un village de moins de 3.500 habitants. 85 % des gens installés en zone rurale sont des actifs et ils n’ont pas l’âge de la mère Denis. Et surtout, 80 % des communes rurales ont connu une croissance démographique entre 1999 et 2014.
Ça veut dire que la situation de nos campagnes est très contrastée, que parler d’abandon, de désertification n’est pas tout à fait vrai. Cela justifie un effort sur les services public et en même temps cela justifie l’utilisation d’Internet pour aller partout. Mais même si les gares ferment, même si le bar-tabac se met à faire relais postal, on lit dans le Courrier de l’Ouest qu’ici une gendarmerie revient, là on accueille un nouveau restaurant scolaire. Cela veut dire en clair qu’on n’est pas dans une phase d’abandon mais de transition.
Mais où est passé la start-up nation ?
Mais attention à l’informatique, ne pas lui faire trop confiance. Dans Le Monde, Patrick Imbert élu local de l'Essonne se demande où est passé la "start-up nation". Celle qui promettait de faciliter la vie des administrés. Que nous dit-il Patrick Imbert vice-président du Conseil général de l’Essonne : vous voulez augmenter la prime d’activité ? Commencez par convaincre l’informatique de la caisse d’allocation familiale de faire le nécessaire pour le mois de février et pas pour le mois de juin.
Vous voulez baisser la CSG de cinq million de retraités ? Soumettez-vous au bon vouloir des services informatiques des 35 caisses de retraite, tout ça à quelques jours de la mise en place du prélèvement à la source qui pourrait être une sorte de bug de l’an 2000. En clair, il dit ce qu'à la complexité administrative française, l’État a substitué la complexité informatique. C’est dommage car l’esprit start-up c’est de simplifier, d’aller plus vite pour répondre mieux aux besoins de la population et aussi aux revendications des "gilets jaunes".
La mère Denis, écolo avant l’heure
Ouest-France nous parle du 11ème plan de l’Agence de l’eau. Partout en France et pas seulement dans l’Ouest, les agences de l’eau réfléchissent à la stratégie du pays alors que l’eau manque en raison de la sécheresse, qu’il faut l’économiser, la respecter et anticiper les besoins de demain. Eh bien la mère Denis dans son lavoir, elle était visionnaire quand elle disait "Quand j’étais petite on m’a appris qu’il ne fallait gaspiller ni l’eau, ni la lessive, ni l’électricité". En avance la mère Denis.