Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
La droite éparpillée façon puzzle
À la lecture des Unes des journaux, on se souvient en effet d’une scène des Tontons Flingueurs et ces mots de Bernard Blier "Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle". On retrouve les mêmes mots pour qualifier l’état de la droite républicaine rebaptisée "les Tontons flingués". À la Une de La Provence "La droite éparpillée" (façon puzzle suggère l’illustration) ou en Une du Midi Libre "La droite en morceaux". Mais plus douloureux sont les souvenirs qui, 30 ans après, ressuscitent ce 4 juin 1989, jour où l’armée chinoise réprimait dans le sang les manifestations étudiantes de la place Tian An Men et dont se souviennent la Croix, Libération et le Figaro qui publie la photo de cet étudiant à genou devant un char, une image devenue un symbole dans le monde entier. Sauf en Chine. Plus lointain est le souvenir du débarquement du 6 juin 1944 sur ces côtes normandes qui se préparent à en célébrer le 75e anniversaire explique la Presse de la Manche tandis que Ouest France annonce le 9 juin prochain le défilé du régiment des immortels, manifestation civile initiée localement en 2015 qui voit aujourd’hui des millions de russes commémorer les morts de la 2e guerre mondiale en marge des défilés militaires de la place rouge. Vous l’aurez compris ce mardi matin la presse a de la mémoire.
Se souvenir de la droite d’autrefois
Dans Libération, Laurent Joffrin se souvient des temps où la droite réunissait dur et mous, conservateurs cocardiers et libéraux centristes. Chirac puis Sarkozy avaient réussi à transcender ce dilemme grâce à la mystique du chef. Idem dans Le Monde qui ravive le souvenir de Chirac et Séguin qui, aux élections régionales de 1988, avaient uni leurs forces pour éviter l’alliance contre nature avec le FN d’alors. À cette droite, les éditorialistes prodiguent leurs conseils. Dans l’Est républicain, Pascal Salciarini ose un mot oublié "Gaullisme". Un médecin raisonnable comme le député Jean Léonetti ne sera pas de trop pour sauver ce qu’il en reste. Ironie du sort, Léonetti est spécialiste de la fin de vie.
Quand la Normandie se veut le Davos de la paix
À deux jours des commémorations du débarquement, la Normandie se veut le Davos de la paix avec la publication ce mercredi par le Parlement Européen de l’Indice Normandie qui mesure le niveau de conflictualité du monde, explique Ouest France, il est des souvenirs que l’on enterre.
Tiananmen, la tragédie de l’oubli
Libération rappelle que le 4 juin 1989 reste un tabou dans l’histoire contemporaine chinoise. Pas de bilan, pas de mémoire et bien sûr pas de célébration. "Le 4 juin, j’ai vu les chars en rang serrés écraser les tentes" se souvient Yu Shuo anthropologue chinoise réfugiée en France. Effacer le 4 juin 1989 c’est l’obsession du régime depuis 30 ans, écrit la Croix. Rien dans les livres d’histoire et rien sur Internet. Lorsqu’on tape Tiananmen dans Baidu, le Google chinois, on tombe sur des prises de vue touristiques de la place où fut étouffée la révolte. Il faut avoir été étudiant à l’étranger pour avoir connaissance des événements. Sur la place Tiananmen, il n’y a plus de char conclut La croix mais des caméras de reconnaissance faciale, véritable arsenal déployé dans tout le pays traduisant l’obsession des autorité pour l’IA. Il est vrai que la science permet aujourd’hui stocker les souvenirs ou de les effacer.
Pilule mémorielle
On saura s’en rappeler en lisant le dernier numéro de Cerveau et Psycho qui consacre quatre pages à la méthode d’Alain Brunet. Ce psychologue canadien y explique comment la psychothérapie associée à certaines molécules psychotropes comme le propanobol permet de réguler la fabrication des mauvais souvenirs, des traumatismes voire les chagrins d’amour. Alors à ce possible effacement de la mémoire qui rappelle les pires films de sciences fiction, on préférera la méthode d’Antoine Burbaud, Jean-Eric Zabrodksy et Benjamin Henry.
60 ans de football en Touraine
Dans les colonnes de la Nouvelle République, ces journalistes, éducateurs ou sportifs disent pourquoi et comment ils ont entrepris de publier l'histoire du football en Touraine depuis 60 ans. "On a tous une histoire, des souvenirs. Je déteste voir des photos jamais parues explique le premier c’est dommage qu’elles restent dans les greniers à prendre la poussière. Les partager, c’est rassembler les mémoires". Les commémorations du débarquement comme les souvenirs fragiles des martyrs de la place Tiananmen ne disent pas autre chose. Une mémoire commune permet de vivre ensemble sur un terrain de foot, dans un parti politique ou ailleurs.