Le "canular homophobe" de l'animateur a d'ores et déjà des conséquences économiques pour C8. Et l'affaire pourrait atterrir devant la justice.
Plus d'une semaine après la diffusion du "canular homophobe" de Cyril Hanouna, l'affaire se poursuit... Après les signalements de téléspectateurs au CSA, après l’ouverture d’une procédure de sanction, l’affaire pourrait atterrir devant la justice. En cause, un témoignage à charge contre Cyril Hanouna dont l’authenticité reste toujours à prouver.
L'animateur de C8 a accordé une interview accordée à nos confrères du Journal du dimanche. Cyril Hanouna formule de nouveau ses excuses, ses "regrets" même. Il l’assure, il a compris son erreur, il a retenu la leçon. En revanche, ne comptez pas sur lui pour renoncer à tout. L’épisode ne l’incitera pas à s’autocensurer. L’animateur est très clair : "Je continuerai à rire de tout et surtout à rire de tous", c'est inscrit dans l’ADN de Touche pas à mon poste.
Au même titre que la liberté d’expression, il prône la "liberté de dérision" sur tous les sujets et pour tout le monde : les Arabes, les juifs, les Noirs, le pape, Dieu, les Nazis et les homosexuels… La seule différence, sur les sujets délicats, il a conscience qu’il faut faire preuve d’un "humour de qualité", ce dont il a manqué en imaginant ce canular téléphonique, il le confesse.
Dans cette interview, Cyril Hanouna passe aussi à l'offensive. Le ton n'est plus uniquement au mea culpa, il est aussi à la contre-attaque. Il est en colère contre les médias qui ont alimenté la machine à buzz ces derniers jours l'accusant d'homophobie. Il regrette un "déchaînement médiatique" contre un "scandale qui le dépasse largement".
Mais il s’interroge aussi sur un témoignage d’une des victimes de son canular. Ce témoignage, il a été rendu public par Le Refuge, cette association qui lutte contre l'exclusion dont souffre parfois les jeunes homosexuels. Un homme, présenté comme l'une des sept personnes piégées dans le canular téléphonique, a été reconnu par ses proches. Il aurait appelé Le Refuge expliquant avoir été viré de chez lui après l’émission. Une conséquence très grave de la mauvaise blague de Cyril Hanouna.
Sauf qu’un épais brouillard flotte aujourd’hui autour de ce témoignage. S'agit-il réellement d'une des victimes ? Les éléments rendus publics ces derniers jours ne permettent pas de le savoir. A tel point que certains veulent croire à une sorte de "canular dans le canular" qui aurait piégé l'association Le Refuge pour charger encore un peu plus la barque de l’animateur de C8. La suite de cette affaire pourrait se solder devant les tribunaux. Le Journal du dimanche explique que l’avocat de Cyril Hanouna n’exclut pas de saisir la justice pour démêler le vrai du faux.
Et depuis quelques jours, "l’affaire Hanouna" dépasse largement le petit milieu de l’audiovisuel et se déplace sur d’autres terrains, même sur le terrain politique. Samedi matin, sur l’antenne de Franceinfo, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes s’est exprimée sur le sujet. Elle souhaite rencontrer l’animateur.
Sur le terrain économique les conséquences sont lourdes également. Mercredi soir, la régie publicitaire du groupe Canal annonçait une suspension des écrans publicitaires autour de Touche pas à mon poste. Une manière de préserver les annonceurs, ceux qui n’ont pas déjà pris la poudre d’escampette après cette polémique. Jeudi et vendredi derniers, il n’y avait donc aucun spot autour de l’émission. Ce sera encore le cas ce soir. Selon nos informations, la situation devrait durer encore un petit moment. Et elle va vite poser problème pour C8. Selon le chiffres avancés par le Parisien-Aujourd’hui en France, la mise en sommeil des écrans publicitaires coûte 150 000 euros par jour à la chaîne de Vincent Bolloré.