3:15
  • Copié

Pour avoir manifesté son respect pour "des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient" dans le dernier numéro de Causeur, Eric Zemmour fait l'objet d'une enquête pour "apologie du terrorisme".

L’info média du jour, c’est les propos d’Eric Zemmour qui font une nouvelle fois polémique. Dans une interview accordée la semaine dernière, il a exprimé son "respect" à l’égard des terroristes djihadistes. Des propos qui ont provoqué une véritable levée de boucliers.

D’abord, revenons sur cette interview d’Eric Zemmour, dans le dernier numéro du magazine Causeur.

Oui, l’ancien polémiste d’On n’est pas couché fait la couverture du dernier Causeur, sous ce titre : "Zemmour, le gaulois", une référence à la petite phrase de Nicolas Sarkozy. En pages intérieures, on découvre un grand entretien dans lequel Eric Zemmour s’exprime sans langue de bois, avec ce sens de la provocation qu’on lui connait.

Il est d’abord interrogé sur les terroristes qui agissent au nom de l’Islam et qui sont présentés comme des "esprits faibles". Cette affirmation, Eric Zemmour la réfute catégoriquement. Pour lui, les djihadistes ne sont ni "des abrutis", ni "des fous". Il ne veut surtout pas les mépriser.

Et puis surtout, il a cette phrase sur ces islamistes radicaux qui passent à l’acte au nom de leur religion. Et c’est cette phrase qui fait polémique : "Je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient, ce dont nous ne sommes plus capables".

En quelques mots, Eric Zemmour exprime son estime pour ceux qui choisissent de mourir pour leur foi, on pense à Mohamed Merah, au commando du Bataclan, au terroriste responsable de la tuerie de Nice du 14 juillet dernier.

Et il enfonce encore le clou. Si on l’écoute, l’Histoire est remplie d’innocents qui meurent parce qu’ils sont dans le mauvais camp, parce qu’ils se retrouvent au mauvais endroit et au mauvais moment. S’il juge ces actes "criminels" et "mauvais", il voit "quelque chose de respectable" dans ces gestes perpétrés au nom de leurs morts.

Des propos qui ont suscité immédiatement une grande émotion.

Oui et d’abord dans les rangs des associations de victimes des attentats qui voient dans cette énième provocation une forme de glorification du terrorisme, une manière de légitimer et de justifier l’horreur.

Dans un communiqué, SOS Racisme a indiqué avoir déposé un signalement auprès du Parquet de Paris.

Indignation aussi pour certains collaborateurs d’Eric Zemmour. Ça grince des dents chez RTL où le polémiste assure une chronique trois fois par semaine.

La Société des journalistes de la station estime qu’avec ses propos Eric Zemmour franchit la ligne blanche, qu’il s’enferme dans une logique qui fait le jeu des tenants du terrorisme. La SDJ se désolidarise de propos qui portent atteinte à la mémoire des victimes du terrorisme et à la douleur des familles.

Enfin, c'est Eric Naulleau, son comparse sur Paris Première, son "meilleur ennemi idéologique", qui s’est exprimé pour dénoncer la radicalisation d’Eric Zemmour. Samedi soir, sur France 5, il expliquait qu’il continuerait de débattre avec lui pour s’opposer à lui sur le terrain des idées.

Mais ce week-end, Eric Zemmour a tenté de justifier ses propos.

Samedi, Eric Zemmour était invité sur le plateau de BFM TV. Pas question pour lui de revenir sur ses déclarations mais plutôt de les expliquer et d’expliquer surtout que, par principe, personne ne veut comprendre son point de vue.

Il veut prendre en considération l’islamisme radical, qu’il qualifie d’ennemi, pour mieux le combattre, pour mieux le vaincre. C’était ça qu’il fallait comprendre quand il parlait de "respect". Bien sûr, il réfute toute "glorification des terroristes".

Des arguments qui ne passent pas. Vendredi, le Parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour "apologie du terrorisme".

Une provocation de plus pour le polémiste, coutumier du fait. En octobre 2014, dans les colonnes du journal italien Le Corriere della serra, il tenait des propos stigmatisants à l’encontre des musulmans. Des déclarations qui avaient conduit à son licenciement d'i-Télé. Un an plus tard, il était condamné pour provocation à la haine.

On verra dans les prochaines semaines si cette nouvelle polémique aura les mêmes effets sur Eric Zemmour, plus que jamais décidé à se construire  dans la provocation