Après avoir enquêté sur la manipulation des audiences par Fun Radio, Médiamétrie estime que les messages diffusés à l'antenne ont bien affecté les conditions de recueil des audiences.
Suite de "l'affaire Fun Radio". Il y a une quinzaine de jours, on apprenait que la station était suspectée par ses concurrentes d'avoir triché, pour gonfler artificiellement ses audiences. Depuis ces révélations, on attendait que l’institut Médiamétrie, qui publie ces audiences radio, prennent des mesures.
Et elles sont radicales puisque Médiamétrie a exclu purement et simplement Fun Radio du prochain relevé d’audiences qu’il publiera dans 15 jours, couvrant la période allant du mois d’avril au mois de juin. On ne disposera donc d’aucun relevé pour la radio musicale du groupe RTL. Deuxième décision annoncée mercredi : un effet rétroactif à cette exclusion. Médiamétrie va aussi retirer Fun Radio de la vague d’audiences précédente, qui portait sur la période allant de janvier à mars 2016. L’institut va donc devoir recalculer l’ensemble de ses résultats, sans tenir compte de la station incriminée.
Cette exclusion temporaire est historique. Jamais pareille mesure n'a été prise par l'organisme. Médiamétrie admet une tentative de manipulation de la part de Fun Radio et, surtout, elle considère que cette tentative a porté ses fruits. Fun Radio va devoir patienter un petit moment avant d’être réintégrée dans le système de mesure. Médiamétrie annonce en effet qu’il attendra que la fraude de la station n’ait plus aucun effet sur les audiences pour la prendre en compte de nouveau.
Fun Radio avait tenté d’avoir un impact sur la mesure d’audience, à son avantage bien sûr, en incitant ses auditeurs à mentir. Pour rappel, il faut savoir que le système de mesure des audiences radio repose sur des sondages téléphoniques, effectués chaque jour, pour recueillir les habitudes de consommation du média radio. Ces relevés fonctionnent donc sur un principe déclaratif, sur la bonne foi des auditeurs interrogés. Ça peut donc être assez tentant pour certains d’avoir une influence sur ces résultats. Cette exclusion temporaire de Fun Radio fait justement suite à une tentative de manipulation. Des accusations portées par les patrons des grandes radios nationales qui dénonçaient des appels à la fraude de la part de l’animateur de la matinale de Fun Radio, Bruno Guillon.
Bruno Guillon aurait passé plus d’une centaine de ces messages, selon les radios concurrentes. Au lendemain de la révélation de cette affaire, Médiamétrie avait annoncé qu'il mènerait un audit pour établir si oui ou non les résultats de son étude étaient faussés par ces messages. Sa conclusion est sans appel : oui, les messages diffusés sur l’antenne de Fun Radio ont affecté les conditions de recueil des audiences. Surtout, ces messages ont bien eu un impact sur l’évolution de l’audience de la radio musicale.
En quoi est-ce le plus grand scandale de l’histoire de la radio ?
Pour comprendre le tohu-bohu que provoque "l’affaire Fun Radio", il faut comprendre comment fonctionne Médiamétrie. Imaginez une grande table, autour de laquelle sont assis tous les patrons des radios françaises. Chacun d’eux contribue au financement de l’institut, ce qui est censé garantir l’indépendance des relevés. Tous ces patrons sont concurrents, mais ils ont tous besoin du même outil. Aujourd'hui, avec cette affaire retentissante, c'est un peu comme s'il y avait un traitre autour de la table, un tricheur. Or, les audiences radios sont indispensables. C’est elles qui déterminent le prix que doivent verser les annonceurs qui souhaitent diffuser de la publicité sur l’antenne. Elles doivent donc être irréprochables.
En excluant Fun Radio, Médiamétrie tente de conserver sa crédibilité aux yeux des professionnels.