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EDITO - "Emmanuel Macron est en campagne de reconquête des territoires"

Ce samedi, Catherine Nay décrypte le marathon oral du président de la République.Pour la 2ème fois en 3 jours, Emmanuel Macron était vendredi à Souillac, dans le Lot, pour échanger avec 600 maires. Certains l'ont prévenu que les mots ne seuls ne suffiraient peut-être pas à mettre fin à la crise des gilets jaunes, à la veille de l'Acte X du mouvement. Un exercice présidentiel inédit, qui n'est pas sans danger en effet.Emmanuel Macron est en campagne de reconquête des territoires. Donc, il met le paquet, comme s'il y jouait son quinquennat. Mardi, dans l'Eure, il répondait aux questions des maires ruraux de Normandie, qui compte 5 départements. Vendredi à Souillac, il planchait devant les élus de la région Occitanie, qui compte 13 départements. Et certains avaient fait 3 à 4 heures de route pour le voir, l'interpeller, l'écouter. Même disposition de la salle. Les maires assis en carré, avec leur écharpe, et le Président, au milieu, prenant des notes avant de répondre. Un one man show qui a duré 6h38 mardi et 6h32 vendredi, dont une heure et demi de questions et 5 heures non stop de réponses."Même Fidel Castro n'en faisait pas autant", a moqué Aymerie de Montesquiou, le maire de Marsan, dans le Gers, qui s'interrogeait même sur un éventuel dopage présidentiel. Il faut saluer la performance physique ! Parler 5 heures, debout, micro à la main, sans boire, sur un rythme soutenu, sans marquer de pause, un peu fiévreux, étourdissant. C'est presque inhumain. On était presque assommé par ce flot de paroles.Et performance intellectuelle aussi : pour répondre à chacun, il faut du travail en amont, une connaissance des dossiers, une mémoire, qui sortent de l'ordinaire. D'ailleurs, on ne voit pas qui, dans la classe politique aujourd'hui, serait capable d'en faire autant.Et comme mardi, tous les problèmes y sont passés, à la fois locaux et nationaux.Oui, et ce qui revenait le plus souvent, c'est la crise sociale, dont les "gilets jaunes" sont le reflet. Avec la précarité, l'appauvrissement, le chômage, les retraites des agriculteurs, des artisans, au-dessous du seuil de pauvreté, la disparition des services publics, les fermetures de classes, la baisse de la démographie dans les campagnes, l'internet haut débit et la 4G qui font défaut, l'intercommunalité, qui ne cesse de rogner les prérogatives des maires, le remboursement des prothèses auditives et dentaires, l'ISF, jusqu'à l'introduction des ours dont s'est plaint un élu de l'Ariège. En 2018, il y a eu 448 dossiers de demande d'indemnisation des éleveurs liés aux dommages des plantigrades. Et le Président a répondu à tout.Et comment les maires ont-ils réagi ?A 22h14, clap de fin. Plus de la moitié étaient encore là. Les maires sont des gens respectueux, ce ne sont pas des "gilets jaunes" radicalisés. Ils ont applaudi l'artiste et certains ont fait des selfies. Ils ont apprécié la venue du Président, ce qui n'a pas empêché les mises en garde : attention, la déception risque d'être grande si le show présidentiel n'est pas suivi de réponses aux exigences du terrain, a averti le maire de Cahors. En préambule, Emmanuel Macron avait prévenu : "nous ne sommes pas l'addition de 66 millions d'existences. Un projet, ce n'est pas faire droit à toutes les demandes". Un avertissement présidentiel qui sous-entend qu'il pourrait y avoir des déçus. "Mais il ne faudrait pas que le débat qui est lancé dans le pays soit un grand bluff", avertit un autre maire. Celui de Saint Sirgues prévient le Président qu'il refusera d'organiser des débats. Il veut bien prêter des locaux, ça oui, mais pas plus. Mais surtout, il est le seul à avoir oser dire au Président : "Arrêtez de mépriser les gens, de stigmatiser les précaires, les fainéants, les cyniques, les gens qui ne sont rien, ça ne fait que générer la violence". Il a été très applaudi. Et on remarquera que vendredi, à Souillace, le Président n'a commis aucune sortie de route verbale qui aurait pu vexer.Une nouvelle rencontre avec les élus est prévue le 24 ou le 25 janvier ?Emmanuel Macron envisage de faire 2 rencontres de ce type par semaine. On se demande tout de même si ça ne serait pas too much !

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Ce samedi, Catherine Nay décrypte le marathon oral du président de la République.


Pour la 2ème fois en 3 jours, Emmanuel Macron était vendredi à Souillac, dans le Lot, pour échanger avec 600 maires. Certains l'ont prévenu que les mots ne seuls ne suffiraient peut-être pas à mettre fin à la crise des gilets jaunes, à la veille de l'Acte X du mouvement. Un exercice présidentiel inédit, qui n'est pas sans danger en effet.

Emmanuel Macron est en campagne de reconquête des territoires. Donc, il met le paquet, comme s'il y jouait son quinquennat. Mardi, dans l'Eure, il répondait aux questions des maires ruraux de Normandie, qui compte 5 départements. Vendredi à Souillac, il planchait devant les élus de la région Occitanie, qui compte 13 départements. Et certains avaient fait 3 à 4 heures de route pour le voir, l'interpeller, l'écouter. Même disposition de la salle. Les maires assis en carré, avec leur écharpe, et le Président, au milieu, prenant des notes avant de répondre. Un one man show qui a duré 6h38 mardi et 6h32 vendredi, dont une heure et demi de questions et 5 heures non stop de réponses.

"Même Fidel Castro n'en faisait pas autant", a moqué Aymerie de Montesquiou, le maire de Marsan, dans le Gers, qui s'interrogeait même sur un éventuel dopage présidentiel. Il faut saluer la performance physique ! Parler 5 heures, debout, micro à la main, sans boire, sur un rythme soutenu, sans marquer de pause, un peu fiévreux, étourdissant. C'est presque inhumain. On était presque assommé par ce flot de paroles.Et performance intellectuelle aussi : pour répondre à chacun, il faut du travail en amont, une connaissance des dossiers, une mémoire, qui sortent de l'ordinaire. D'ailleurs, on ne voit pas qui, dans la classe politique aujourd'hui, serait capable d'en faire autant.

Et comme mardi, tous les problèmes y sont passés, à la fois locaux et nationaux.

Oui, et ce qui revenait le plus souvent, c'est la crise sociale, dont les "gilets jaunes" sont le reflet. Avec la précarité, l'appauvrissement, le chômage, les retraites des agriculteurs, des artisans, au-dessous du seuil de pauvreté, la disparition des services publics, les fermetures de classes, la baisse de la démographie dans les campagnes, l'internet haut débit et la 4G qui font défaut, l'intercommunalité, qui ne cesse de rogner les prérogatives des maires, le remboursement des prothèses auditives et dentaires, l'ISF, jusqu'à l'introduction des ours dont s'est plaint un élu de l'Ariège. En 2018, il y a eu 448 dossiers de demande d'indemnisation des éleveurs liés aux dommages des plantigrades. Et le Président a répondu à tout.

Et comment les maires ont-ils réagi ?

A 22h14, clap de fin. Plus de la moitié étaient encore là. Les maires sont des gens respectueux, ce ne sont pas des "gilets jaunes" radicalisés. Ils ont applaudi l'artiste et certains ont fait des selfies. Ils ont apprécié la venue du Président, ce qui n'a pas empêché les mises en garde : attention, la déception risque d'être grande si le show présidentiel n'est pas suivi de réponses aux exigences du terrain, a averti le maire de Cahors. En préambule, Emmanuel Macron avait prévenu : "nous ne sommes pas l'addition de 66 millions d'existences. Un projet, ce n'est pas faire droit à toutes les demandes". Un avertissement présidentiel qui sous-entend qu'il pourrait y avoir des déçus. "Mais il ne faudrait pas que le débat qui est lancé dans le pays soit un grand bluff", avertit un autre maire. Celui de Saint Sirgues prévient le Président qu'il refusera d'organiser des débats. Il veut bien prêter des locaux, ça oui, mais pas plus. Mais surtout, il est le seul à avoir oser dire au Président : "Arrêtez de mépriser les gens, de stigmatiser les précaires, les fainéants, les cyniques, les gens qui ne sont rien, ça ne fait que générer la violence". Il a été très applaudi. Et on remarquera que vendredi, à Souillace, le Président n'a commis aucune sortie de route verbale qui aurait pu vexer.

Une nouvelle rencontre avec les élus est prévue le 24 ou le 25 janvier ?

Emmanuel Macron envisage de faire 2 rencontres de ce type par semaine. On se demande tout de même si ça ne serait pas too much !

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