"Les Français ont jugé qu'Emmanuel Macron avait bien joué la séquence devant Notre-Dame"
Ce samedi, Catherine Nay décrypte la fin de la trêve politique, après l'incendie de Notre-Dame, et la tenue la semaine prochaine de la première conférence de presse du président. Bonjour Catherine,Bonjour Bernard, bonjour à tous.La trêve politique imposée par l'incendie de Notre-Dame a bousculé les plans d'Emmanuel Macron. Jeudi, à l'Élysée, soit une semaine plus tard, Emmanuel Macron fera ses annonces aux Français après le "grand débat". Il répondra aux questions des journalistes. Ce sera sa première conférence de presse.Comment reprendre la main sur une situation dont il a perdu le contrôle ? Le président avait construit sa séquence médiatique dans le plus grand secret, en deux temps : lundi soir, une allocution de 20 minutes à la télévision façon bande-annonce. Il lançait quelques mesures pour allécher le citoyen, pour ensuite dérouler le fil, sa cohérence, le sens, ce qu'on appelle le "story telling" de l'"acte 2" de son quinquennat. Ses ministres eux-mêmes n'avaient été informés que la veille au soir, à 20 heures, des décisions qu'il allait prendre, pour éviter les fuites. Emmanuel Macron voulait créer la surprise. Il venait d'enregistrer son allocution lorsque les premières flammes ont surgi du toit de Notre-Dame.Il a tout arrêté, plus d'allocution. L'urgence était ailleurs. Mais, dès le lendemain, le secret était éventé. Il y avait au moins 20 personnes autour de lui pour l'enregistrement !Donc plus d'effet de surprise ! On se disait même : il a la scoumoune.Oui, sauf que d'après les sondages, les Français ont bien reçu ses annonces. La réindexation sur l'inflation des retraites inférieures à 2.000 euros ; la suspension de la fermeture d'écoles et d'hôpitaux jusqu'à la fin du quinquennat ; les RIC, référendum d'initiative citoyenne sur des sujets locaux uniquement. Mais il y avait aussi quelques sujets qui fâchent, comme la suppression de deux jours fériés, pour financer la dépendance ou encore la suppression de l'ENA, qui apparaissait comme un scalp offert aux "gilets jaunes" qui manifestent contre l'élite, très démago.Et cette trêve présidentielle a aussi été bien reçue.Les Français ont jugé qu'Emmanuel Macron avait bien joué la séquence devant Notre-Dame. À un moment où l'on avait envie de fraternité, de communion, il a su exprimer la tristesse des Français, chrétiens comme athées, et donner un signal immédiat de rebond. "Nous reconstruirons Notre-Dame", et il a pris trois points dans les sondages.Il l'a redit mardi depuis l'Élysée en chef de chantier qui fixait une échéance : cinq ans. Ce qui a nourri aussitôt un procès en précipitation. Il y a eu aussi la nature de la reconstruction : à l'identique ou plus moderne, et avec quels matériaux. Un autre débat sur lequel s'est greffée la mauvaise querelle sur le montant des dons, la critique contre les généreux donateurs. La défiance à l'égard des riches est hélas une caractéristique française.Emmanuel Macron est remonté dans les sondages. Certaines mesures sont plutôt bien accueillies, moins bien par l'opposition, mais on le savait par avance. Finalement, cette malchance est peut-être une chance.De toute façon, il joue gros. Jeudi, il va tenir sa première conférence de presse. C'est dire qu'il change de méthode avec les journalistes. Il accepte de répondre à leurs questions. Son idée est d'humaniser cette rencontre et donner de l'épaisseur à son propos. Mais il faut espérer qu'il ne va pas reproduire avec nos confrères ses campagnes pour le "grand débat", avec les maires, les intellectuels. Deux minutes de questions à chacun pour 30 minutes de réponses. La rencontre étant fixée à 18 heures, le one man show pourrait se terminer à minuit… C'est à la fois son talent et son défaut : il parle trop. Et comme trop d'impôts tue l'impôt, trop de paroles tue la parole.Le projet ayant été éventé, son discours doit forcément changer un peu.Les fuites, qu'il a regrettées, servent un peu de ballon d'essai. Vu les réactions, il peut renforcer certaines propositions, deux ou trois nouvelles qui cristalliseraient l'attention, en corriger d'autres. Vous savez, comme sur un tableau quand on parle du repentir du peintre. Ainsi, selon ses proches, Emmanuel Macron ne veut pas supprimer l'ENA, il veut la transformer, nuance.
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Ce samedi, Catherine Nay décrypte la fin de la trêve politique, après l'incendie de Notre-Dame, et la tenue la semaine prochaine de la première conférence de presse du président.
Bonjour Catherine,
Bonjour Bernard, bonjour à tous.
La trêve politique imposée par l'incendie de Notre-Dame a bousculé les plans d'Emmanuel Macron. Jeudi, à l'Élysée, soit une semaine plus tard, Emmanuel Macron fera ses annonces aux Français après le "grand débat". Il répondra aux questions des journalistes. Ce sera sa première conférence de presse.
Comment reprendre la main sur une situation dont il a perdu le contrôle ? Le président avait construit sa séquence médiatique dans le plus grand secret, en deux temps : lundi soir, une allocution de 20 minutes à la télévision façon bande-annonce. Il lançait quelques mesures pour allécher le citoyen, pour ensuite dérouler le fil, sa cohérence, le sens, ce qu'on appelle le "story telling" de l'"acte 2" de son quinquennat. Ses ministres eux-mêmes n'avaient été informés que la veille au soir, à 20 heures, des décisions qu'il allait prendre, pour éviter les fuites. Emmanuel Macron voulait créer la surprise. Il venait d'enregistrer son allocution lorsque les premières flammes ont surgi du toit de Notre-Dame.
Il a tout arrêté, plus d'allocution. L'urgence était ailleurs. Mais, dès le lendemain, le secret était éventé. Il y avait au moins 20 personnes autour de lui pour l'enregistrement !
Donc plus d'effet de surprise ! On se disait même : il a la scoumoune.
Oui, sauf que d'après les sondages, les Français ont bien reçu ses annonces. La réindexation sur l'inflation des retraites inférieures à 2.000 euros ; la suspension de la fermeture d'écoles et d'hôpitaux jusqu'à la fin du quinquennat ; les RIC, référendum d'initiative citoyenne sur des sujets locaux uniquement. Mais il y avait aussi quelques sujets qui fâchent, comme la suppression de deux jours fériés, pour financer la dépendance ou encore la suppression de l'ENA, qui apparaissait comme un scalp offert aux "gilets jaunes" qui manifestent contre l'élite, très démago.
Et cette trêve présidentielle a aussi été bien reçue.
Les Français ont jugé qu'Emmanuel Macron avait bien joué la séquence devant Notre-Dame. À un moment où l'on avait envie de fraternité, de communion, il a su exprimer la tristesse des Français, chrétiens comme athées, et donner un signal immédiat de rebond. "Nous reconstruirons Notre-Dame", et il a pris trois points dans les sondages.
Il l'a redit mardi depuis l'Élysée en chef de chantier qui fixait une échéance : cinq ans. Ce qui a nourri aussitôt un procès en précipitation. Il y a eu aussi la nature de la reconstruction : à l'identique ou plus moderne, et avec quels matériaux. Un autre débat sur lequel s'est greffée la mauvaise querelle sur le montant des dons, la critique contre les généreux donateurs. La défiance à l'égard des riches est hélas une caractéristique française.
Emmanuel Macron est remonté dans les sondages. Certaines mesures sont plutôt bien accueillies, moins bien par l'opposition, mais on le savait par avance. Finalement, cette malchance est peut-être une chance.
De toute façon, il joue gros. Jeudi, il va tenir sa première conférence de presse. C'est dire qu'il change de méthode avec les journalistes. Il accepte de répondre à leurs questions. Son idée est d'humaniser cette rencontre et donner de l'épaisseur à son propos. Mais il faut espérer qu'il ne va pas reproduire avec nos confrères ses campagnes pour le "grand débat", avec les maires, les intellectuels. Deux minutes de questions à chacun pour 30 minutes de réponses. La rencontre étant fixée à 18 heures, le one man show pourrait se terminer à minuit… C'est à la fois son talent et son défaut : il parle trop. Et comme trop d'impôts tue l'impôt, trop de paroles tue la parole.
Le projet ayant été éventé, son discours doit forcément changer un peu.
Les fuites, qu'il a regrettées, servent un peu de ballon d'essai. Vu les réactions, il peut renforcer certaines propositions, deux ou trois nouvelles qui cristalliseraient l'attention, en corriger d'autres. Vous savez, comme sur un tableau quand on parle du repentir du peintre. Ainsi, selon ses proches, Emmanuel Macron ne veut pas supprimer l'ENA, il veut la transformer, nuance.
Europe 1
"Au Cœur du Crime" vous propose de (re)découvrir en podcast l'émission culte d’Europe1 "Crime Story" incarnée en 1988 par Serge Sauvion, acteur qui a notamment doublé le comédien Peter Falk.. Inspiré des plus grands romans policiers anglo-saxons, dans lesquelles les disparitions mystérieuses et les meurtres de sang-froid sont monnaie courante, ce podcast est un polar audio qui vous met au défi de résoudre de véritables énigmes policières. Chaque mardi et chaque vendredi écoutez un nouvel épisode intense et immersif."Au Cœur du Crime" est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.
Julien Pichené
"Au Coeur de l'Actu", c'est le podcast de la rédaction d'Europe 1 qui vous éclaire sur les sujets qui font l'actualité. Découvrez nos formats courts "10 minutes pour tout savoir" et nos séries documentaires, enrichis avec les archives de la radio.
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Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).
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Tous les soirs, Maël Hassani vous livre le concentré de l'actualité du jour, tout en gardant un œil sur les événements à venir avec les Unes de la presse du lendemain.
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Tous les soirs du lundi au vendredi entre 22h15 et 22h30 Ombline Roche vous plonge dans les musiques des années Top 50 sur Europe 1. Et si vous en voulez plus, rendez-vous les samedis et dimanches entre 21h et 22h !
Dimitri Pavlenko
Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.
Europe 1
Qui sont réellement ces icônes qui ont marqué la France et leur époque ?Ce nouveau podcast d'archives vous transporte dans le passé et retrace pour vous les parcours et épreuves hors du commun de ces artistes et grandes personnalités françaises. Comment sont nées ces légendes aux destins extraordinaires ? Des récits uniques, racontés par les grandes voix d'Europe 1 !
Pierre de Vilno
Le tour complet de l'actualité en compagnie de Pierre de Vilno et de la rédaction d'Europe 1 de 19 heures à 21 heures.
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Chaque parcours de vie est constitué de réussites mais aussi… d’échecs. Bien souvent, ceux-ci nous renforcent et nous apprennent autant, si ce n’est plus que les succès. Dans cette nouvelle série d’entretiens, le journaliste Hervé Mathoux évoque avec son invité ses plus beaux "accidents". Première personnalité à se plier à l’exercice : l’acteur Denis Podalydès, sociétaire de la comédie française.
Céline Géraud
Tous les jours de la semaine pendant les fêtes, Céline Géraud fait un point de l'actualité à la mi-journée avec Europe 1 13h. Au programme : des reportages, des invités et la parole des experts et journalistes de la rédaction en studio pour apporter un éclairage supplémentaire.