Ce samedi, Catherine Nay évoque l'élection à la présidence du perchoir et les rivalités entre les différents candidats.
Mercredi, les députés voteront pour élire le nouveau président de l'Assemblée nationale. Le tenant du titre, François de Rugy, a remplacé Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique. Qui va lui succéder au perchoir ? Suspense ou affaire réglée ?
En exfiltrant François de Rugy, dont il jugeait, disons-le, la présidence un peu trop terne, Emmanuel Macron a voulu en même temps faire un petit renvoi d'ascenseur à Richard Ferrand. Il n'oublie pas qu'avec Gérard Collomb, ils furent les premiers ralliés à sa candidature. Ce sont ses maréchaux.
Il est notoire que Richard Ferrand ne se plaisait guère à la présidence du groupe, même s'il y faisait le boulot. Il y était en pénitence. Il guignait depuis longtemps le perchoir, en espérant une démission de De Rugy à mi-mandat, lequel renâclait.
Voilà, c'est fait ! La route est libre, sauf qu'une bataille de succession exacerbe toujours les tensions dans un groupe : réveil des frustrations, des envies d'en découdre et ce, encore plus dans une rentrée politique plutôt ratée pour l'exécutif.
Il y a 4 candidats en lice : 2 hommes, 2 femmes. On les cite : Richard Ferrand, Barbara Pompili, Cendra Motin et Philippe Folliot. Tous des élus En Marche.
Justement, lundi à Tours, les députés En Marche ont leur séminaire de rentrée. Ils vont entendre ces candidats, dont les prestations seront jaugées puis ils voteront. Et celui qui sortira des urnes devrait logiquement l'emporter deux jours plus tard lors du vote dans l'hémicycle, puisque les élus macronistes font la majorité.
On voit déjà qu'un duel se profile entre Richard Ferrand et Barbara Pompili, ex secrétaire d'Etat à la bio diversité, présidente de la commission du développement durable. Elle s'est dite très encouragée par ses collègues, qui apprécient sa fibre écolo, son amabilité et sa détermination : "J'irai jusqu'au bout", dit-elle. Contrairement à la députée Yaelle Braun-Pivet, qui a renoncé à se porter candidate en précisant qu'elle voterait Richard Ferrand, alors que, le matin-même, elle fustigeait sa candidature, pour présenter la sienne. On imagine des pressions élyséennes. Sinon, on est inquiet pour elle !
Mais dans ce groupe de 312 élus, qui vont voter lundi, est-ce qu'on discerne bien les tendances ?
Selon un bon spécialiste, qui fait partie du troupeau, il y a une bonne moitié d'élus légitimistes, loyaux envers le président, qui voteront Ferrand sans affection particulière pour lui, mais parce qu'il est le candidat de Macron. Et puis il y a une grosse tendance de féministes, n'oublions pas que le groupe compte 47% de femmes et, qu'avec elles, beaucoup d'hommes jugent que c'est l'occasion historique d'élire une femme à la tête de l'Assemblée nationale. Ce serait la première fois. Cela accompagnerait l'avènement de ce nouveau monde, que le président Macron appelle de ses vœux.
Enfin, une quantité non négligeable d'élus qui seront ravis que Ferrand soit battu parce qu'il est trop souvent rugueux, abrupt, vexant. Ceux-là ne seront pas fâchés de lui donner une leçon. Pas vu, pas pris, puisque les votes se font à bulletins secrets.
Et pour compléter le tableau, même s'ils refusent tous d'en parler, tous y pensent : l'affaire judiciaire des Mutuelles de Bretagne, pour laquelle Richard Ferrand avait démissionné du gouvernement, est toujours à l'instruction. Le dossier, fermé en Bretagne, rouvert à Paris à la suite d'une plainte d'Anticor, a été dépaysé à Lille. L'éventualité d'une mise en examen ne peut être écartée, ce qui fait très ancien monde.
Alors, conclusion : plutôt suspense ?
Oui, le maréchal Ferrand n'aura pas forcément une élection de maréchal !