Violences dans les manifestations et utilisation des LBD 40 : "Manifester est un droit, mais lorsque cela tourne à l'émeute, c'est dangereux"

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SAISON 2018 - 2019, modifié à

Ce samedi, Catherine Nay décrypte l'actualité de la semaine, de "l'acte 12" des "gilets jaunes" au refus du Conseil d'Etat de mettre un terme à l'usage des LBD en passant par l'augmentation des tarifs des péages autoroutiers. 

Bonjour Catherine,

Bonjour Bernard, bonjour à tous.

Pour leur "acte 12", les "gilets jaunes" ciblent les violences policières. On défilera à Paris, Montpellier, Bordeaux, Toulouse et à Valence, où on attend plus de 10.000 manifestants. Mot d'ordre : réclamer l'interdiction du LBD, alors que le Conseil d'Etat a validé, hier, la légalité de son usage.

A Paris, Jérôme Rodriguez, blessé à l'œil samedi dernier, sera en tête du cortège, avec d'autres blessés. On a demandé aux manifestants de mettre du rouge sur leurs "gilets jaunes" pour figurer le sang des blessures policières, des pansements à l'œil, des bandages aux mains. Mais question : ces défilés seront-ils pacifiques ? Façon de démontrer au pays que la violence n'est pas de leur fait, en tout cas aujourd'hui ou au contraire, certains vont-ils agresser les forces de l'ordre et, paradoxe, inciter la police à faire usage de cette arme dont ils demandent le retrait ?

Saisi en urgence par la Ligue des Droits de l'Homme et la CGT, le Conseil d'Etat a estimé que les violences dans les manifestations rendaient nécessaire l'usage de cette arme.

Il faut dire que depuis le 17 novembre, chaque samedi, il y a eu des scènes de guérilla urbaine, avec des magasins pillés, des voitures brûlées, des bâtiments publics saccagés et des forces de l'ordre attaquées par des manifestants qui leur lançaient des pavés, ou armés de barres de fer. Ils voulaient casser du flic, tuer même. La doctrine policière, c'est : pas de contact avec les manifestants, les tenir à distance, toujours parce que le corps à corps serait trop meurtrier. Donc l'arsenal, c'est les bombes lacrymogènes, les lanceurs d'eau, les grenades de désencerclement - qu'il ne faut surtout pas ramasser, au risque d'y perdre une main.

Et, en dernier recours, le LBD, qui peut, c'est vrai, infliger des blessures très graves. Les consignes, c'est de ne jamais viser le visage mais il y a eu des bavures. La police des polices mène son enquête. D'ailleurs, il est légitime de s'interroger sur la nécessité d'utiliser une telle arme. Manifester est un droit, mais lorsqu'elle tourne à l'émeute, c'est dangereux. Pour ceux qui ont perdu un œil ou une main, c'est beaucoup de douleur et de malheur. Mais voilà, c'est le risque.

Ce qui vous a aussi frappé cette semaine, c'est l'ultimatum de Maxime Nicolle, l'un des leaders des "gilets jaunes".

Oui, c'est le barbu avec sa casquette à l'envers. Il dit : "si dans les deux semaines, il n'y a aucune avancée financière pour tout le monde, pour toutes les personnes qui sont dans la merde, je quitte le pays, je fais une demande d'asile constitutionnelle et me battrai jusqu'à ce que je crève". Bigre ! Monsieur Nicolle risque de faire sa valise. Car une série de hausses de prix dans l'alimentation risque d'amputer le pouvoir d'achat. C'est le pari de la Loi sur l'alimentation. Les supermarchés sont sommés d'augmenter les prix d'une centaine de produits de marque afin de mettre fin à la vente à perte et les bénéfices ainsi engendrés devraient permettre de mieux rémunérer les producteurs locaux, les agriculteurs.

C'est la technique du ruissellement. Les enseignes redistribueraient leur surplus de marge aux producteurs français. D'après le rapporteur de la loi, l'impact ne coûterait pas plus de 3,20 euros par mois par ménage. Je ne sais pas comment il fait le calcul. L'idée, c'est de stopper la guerre des prix de la grande distribution, qui fait 80% du marché avec 4 centrales d'achat. Et ça, au moment où Amazon s'attaque au marché alimentaire, il est permis de douter de l'efficacité de la mesure.

Et puis le péage des autoroutes va augmenter, comme chaque 1er février.

Depuis 2011, les prix ont grimpé de près de 10%. Que faire ? La ministre des transports, Elisabeth Borne, a réussi à négocier des abonnements à moins 30%. Mais en réalité, le malheur est qu'en 2005, le gouvernement Villepin, pour faire baisser la dette, a vendu pour 35 ans un actif qui pouvait rapporter un milliard par an et permettre l'entretien des routes en France à trois grands groupes privés qui font des bénéfices colossaux, lesquels ne sont jamais utilisés pour investir, et lorsque ces sociétés investissent, elles compensent par une hausse des tarifs !

En 2015, Ségolène Royal avait gelé les tarifs de péage. Le geste avait été salué. Seulement, un contrat est un contrat. Les groupes ont attaqué en justice et le Conseil d'Etat leur a donné raison. Et ils peuvent compenser ce manque à gagner de 500 millions d'euros par une hausse des péages entre 2019 et 2023. Et bien voilà : nous y sommes !