Lancés par le ministre de l'économie Emmanuel Macron, les lignes de bus sont une réussite populaire... bien que la rentabilité ne suive pas encore !
David Abiker : Le talent de la semaine avec vous Emmanuel Duteil. Chaque semaine c'est l'occasion de s'intéresser à une réussite économique et ce dimanche matin avec vous on part en car !
Emmanuel Duteil : Nous allons parler des désormais fameux "cars Macron". Mettons tout de suite les pieds dans le plat, ces cars lancés en août dernier ont été beaucoup critiqués et moqués. On a entendu par exemple : "si l'avenir ce sont les cars eh bien on est pas très avancé..." Pourtant près d'un an après leur lancement, on peut dire que ça marche vraiment...
D. A. : Alors quand vous dites que ça fonctionne Emmanuel vous vous basez sur quoi ?
E. D. : L'instance indépendante qui est chargée de surveiller ce qui se passe dans le monde des transports, va dans ce sens. Cette instance s'appelle l'ARAFER et elle a fait les comptes : plus d'un million de personnes ont pris un de ces cars au premier trimestre. Ce qui représente une progression de 70% par rapport au trimestre d'avant. Emmanuel Macron estimait lui cette semaine que 3 millions de personnes ont pris ces bus depuis le lancement. Il faut dire qu'il y a de plus en plus de lignes, on en compte aujourd'hui près de 200, ce qui a permis mine de rien de créer 1500 emplois. Deux tiers des lignes passent par Paris mais des villes comme Toulouse, Rouen, Nantes ou Marseille voient leur fréquentation bondir de plus de 80%.
Le trajet le plus emprunté est entre Paris et Lille, devant Paris-Lyon et Paris-Rouen... Ce qui est intéressant c'est que ces lignes de bus viennent souvent en complément de ce qui existe déjà. Dans plus de la moitié des cas il n'existait pas, avant ces lignes de bus, de train direct.
D. A. : Donc on le voit Emmanuel il y a en engouement mais les bus sont-ils pour autant pleins ?
E. D. : Loin de là ! Le taux de remplissage est d'environ 60% en ce moment. Le but des compagnies c'est d'ouvrir le plus de lignes parfois éphémères, pour desservir les lieux de vacances ou pour gagner des parts de marché...
C'est pour cela que les prix sont cassés en ce moment. Imaginez que la recette moyenne par passager pour 100 km est de seulement 3 euros 30 hors taxes ! Un des acteurs du secteur me l'on confiait récemment, il faut absolument augmenter les prix. Avec ces bus on vit exactement la même situation qu'au moment de la libéralisation des services pour trouver un numéro - vous vous souvenez ces fameux 118 218 ? - Tout le monde s'était lancé en même temps sur le marché. Au début personne ne gagnait de l'argent. Seuls les plus ingénieux ou ceux qui ont le plus d'argent survivront. On commence déjà à voir les premiers rapprochements. Starshipper a accepté de devenir cette semaine une franchise de Ouibus qui appartient à la SNCF. Il ne reste donc plus que quatre acteurs. Le leader pour le moment c'est Eurolines, Isilines. Ce qui est certain quand on voit le lancement c'est qu'il y a une vraie demande. Ces bus sont venus répondre à un besoin réel. La plupart des gens qui le prennent n'étaient pas des clients du train, ça offre donc une vrai opportunité de mobilité.