Christophe Castaner affirme que 60% des auteurs d’attentats ces dernières années n’étaient pas fichés S.
Vrai-Faux : Faut-il expulser les étrangers radicalisés ?
C’est ce que prônent le Front National, mais aussi Les Républicains après le nouvel attentat qui a fait 4 victimes vendredi. L’assaillant était franco-marocain, inscrit au fichier des personnes radicalisées. Mais le problème est ailleurs pour Christophe Castaner, le président de la République En Marche.
"60% des auteurs d'attentats ces dernières années ne sont pas fichés S et ne sont pas ressortissants étrangers. On peut vouloir se faire peur, on peut tenter d’en faire de la petite récupération politique… Je pense que le débat politique mérite mieux que ça".
60% des auteurs d’attentats ces dernières années n’étaient pas fichés S. Vrai ou Faux ?
C’est une façon biaisée de présenter les choses. 31 terroristes ont frappé la France depuis 2012, et les tueries antisémites de Mohamed Mehra. Nous avons retracé leurs profils : 20 c’est vrai, donc 65%, étaient fichés S. Mais si l’on prend en compte les membres du commando du Bataclan, qui étaient connus, eux, de la police belge pour leur radicalisation, la proportion grimpe à 87%. Les autres avaient tous un passér judiciaire, pour des délits de droit commun : 100% de ces terroristes ont été en contact, à un moment donné, avec les autorités. C’est pourquoi la question de la détection, et du suivi de ces personnes, se pose régulièrement avec tant d’acuité.
Neuf d'entre eux étaient étrangers, et 4 avaient une double-nationalité, comme Redouane Lakdim, dont le cas est symptomatique du débat d'aujourd’hui: il avait été condamné pour port d’armes prohibée, et il était inscrit au fichier de signalement pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, le FSPRT. C’est un fichier discret créé en 2015 pour cibler plus précisément la menace. Il comportait 17 000 noms il y a tout juste un an… Près de 20 000 aujourd’hui.
Mais ce ne sont pas 20.000 personnes actives.
Non. Selon le dernier pointage, en février, 12 000 personnes environ étaient considérées comme actives. Impossible pour les quelque 14.000 agents chargés du renseignement en France de les suivre tous, individuellement. D’où ces constants appels à réformer notre droit, pour s'adapter à une nouvelle menace. Selon le gouvernement, 15% des personnes qui figurent sur ce fichier sont de nationalité étrangère. Le FN et LR veulent expulser les plus dangereux (ceux appartenant, selon les services du renseignement, au "haut du spectre"). Mais cela pose, évidemment, d’énormes problèmes juridiques, et même philosophiques : parce qu’on parle de personnes qui n’ont commis aucun acte répréhensible. Ce sont leurs pensées, leur proximité avec les mouvances salafistes qui sont interrogées. Aujourd’hui, un non-national peut être expulsé en cas de "menace grave à l’ordre public". Est-ce que soutenir, en pensée, des organisations terroristes doit entrer dans ce cadre ? Faut-il, comme le propose Manuel Valls, interdire le salafisme ? C’est un débat que le gouvernement, pour l'instant, n'a pas souhaité ouvrir.