Jack Lang affirme qu'une majorité des étudiants d'Arabie Saoudite sont des femmes.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le vrai faux de l’Info passe au crible une affirmation de Jack Lang. Le président de l’Institut du monde arabe s’est agacé hier matin, des questions que nos confrères lui posaient sur la diplomatie de la France, un petit peu schizophrène dans son soutien constant à l’Arabie Saoudite, accusée de nourrir et de financer le terrorisme. Il faut arrêter, dit-il, avec les clichés.
Jack Lang : "Je ne défends pas l'Arabie Saoudite, je ne suis pas son ambassadeur mais il faut que là aussi la vérité soit dite : une majorité d'étudiants sont des femmes"
Une majorité d’étudiants sont des femmes en Arabie Saoudite, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est vrai mais, contrairement à ce que laisse entendre Jack Lang, cela ne veut pas dire que la société saoudienne soit plus ouverte qu’on le pense. Vous allez voir qu’avec une donnée exacte, on peut désinformer car ce chiffre mérite qu’on s’y arrête en détail.
Les femmes, c’est vrai, décrochent 60% des diplômes du supérieur en Arabie Saoudite. Alors déjà, faut savoir de qui on parle, les femmes ne sont pas libres. Seules celles que leur tuteur légal a autorisées à étudier, peuvent s’inscrire à l’université. C’est moins de 30% d’une classe d’âge, ça limite donc un peu. Ensuite, il faut voir quel type de diplôme elles obtiennent. Et là, l’OCDE nous donne un éclairage, si elles sont très nombreuses dans l’Éducation, les soins ou la santé, elles ne représentent que 3% des diplômes d’ingénieurs soir le plus faible taux au monde. Elles sont absentes des meilleures universités du pays, réservées aux hommes, comme celle des minerais et du pétrole. Elles sont également très peu représentées dans les filières prestigieuses du commerce ou de l’industrie. Il faut enfin voir la qualité de la formation qu’elle reçoivent, elles sont totalement séparées des profs masculins qui leur dispensent leurs cours à distance par visioconférences.
Parce qu’elles n’ont pas le droit d’être dans la même pièce qu’un homme ?
Évidemment non. résultat leur insertion sur le marché du travail est très faible puisqu’elles ne représentent que 13% seulement de la population active. D’autant plus que la charia s’applique aussi dans le monde de l’entreprise où un homme devra les emmener, puisqu’elles n’ont toujours pas le droit de conduire.
Pourquoi dans ce cas leur ouvrir si grandes les portes des universités, si rien ne change ?
Pour des raisons économiques d’abord, l’Arabie saoudite prépare l’après-pétrole, elle a besoin de travailleurs qualifiés et ne peut pas se couper de la moitié de sa force de travail. Et puis également pour des raisons évidentes d’image. On se dit à l’étranger que la société bouge, quand on entend Jack Lang. On oublie, les femmes adultères lapidées, la vie sous tutelle de ces Saoudiennes, qui ne peuvent quasiment rien faire sans le consentement d’un homme. Jack Lang a cédé aux sirènes de la propagande saoudienne et ce n’est pas un cliché.