Nicolas Dupont-Aignan affirme que le travail détaché fait perdre quelques 500.000 emplois à la France.
Le Vrai-Faux de l’info, avec Nicolas Dupont-Aignan en guerre contre le travail détaché.
Le candidat de Debout-la-France promet de lutter contre la concurrence déloyale, en supprimant notamment cette directive européenne qui permet d’employer quelqu’un dans un pays et de payer ses charges sociales dans un autre.
Nicolas Dupont-Aignan : "Il y a huit milliards par an qui sortent de france, qui vont pour financer nos concurrents et notamment les travailleurs détachés, qui ne paient pas de charges sociales en France. 500 000 emplois perdus".
Le travail détaché, c’est 500 000 emplois perdus, affirme Nicolas Dupont-Aignan, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux car Monsieur Dupont-Aignan néglige un certain nombre de facteurs. On a recensé en France, en 2015, 286.000 travailleurs détachés, c’est 25% de plus que l’année précédente. Les observateurs estiment que ce nombre peut être doublé avec les travailleurs étrangers non-déclarés et donc illégaux. Donc le chiffre qu’avance Nicolas Dupont-Aignan, 500.000 emplois occupés par des travailleurs détachés, est probablement proche de la réalité. Cela dit, il s’agit d’emplois temporaires d’une quarantaine de jours en moyenne, pour les travailleurs déclarés. Ces 280.000 étrangers ont en fait occupé l’équivalent, selon le ministère du Travail, de 46.000 emplois à temps plein, donc ce n’est plus la même proportion. Parfois, ce sont des emplois qui sont en tension en France comme des soudeurs ou des robinetiers. La France n’en forme pas assez et Il faut noter que les Français profitent eux aussi de ce système. 130.000 d’entre eux ont travaillé à l’étranger en 2015, des emplois qu’ils perdraient si cette directive était supprimée.
Donc 500.000 travailleurs ne font pas 500.000 emplois. Mais quand même, ils font pression sur le marché du travail.
Évidemment, mais moins du fait de leur présence. 500 000 travailleurs, c’est 1,5% de la force de travail, que des modalités de leur contrat. La directive sur les travailleurs détachés prévoit que les charges sont payées dans le pays d’origine, mais que le salaire en revanche doit coller à celui du pays d’accueil. Or qu’ est-ce qu’on voit ? Que les employeurs trichent en payant au smic par exemple un ouvrier très qualifié, en retenant sur sa paie la part du logement ou des repas. Au final, l’ouvrier étranger se retrouve exploité puisque les salaires sont tirés vers le bas.
Et les professionnels le disent : on peut retirer cette directive ou la réformer, mais cela sera très long et cela n’arrêtera pas la fraude. Ce qu’il faudrait, pour eux, c’est renforcer les contrôles. On commence à le faire, il y en a maintenant 1.500 par mois mais Il en faudrait quatre fois plus pour inspecter les petits chantiers chez les particuliers et renverser, chez nous, cette culture de la fraude.