Gaspard Gantzer affirme qu'il n'y a jamais eu autant de nids-de-poule à Paris ?
Vrai-Faux : y a-t-il davantage de nids-de-poule cette année ?
Une grogne saisonnière monte des routes de France, amplifiée par un tweet de l'ancien porte-parole de François hollande lundi, Gaspard Gantzer : "C’est moi où il n’y a jamais eu autant de nids-de-poule à Paris ?"
C’est lui ?
C’est vrai. La municipalité le reconnaît d’ailleurs : il y a rarement eu autant de nids-de-poule dans la capitale, dans toute la France, d'ailleurs. Le système mis en place l’association « 40 millions d’automobilistes » pour les recenser a enregistré déjà près de 40 000 signalements, et ce n’est que la partie émergée de l’Iceberg : partout l’état des routes, en cette sorite d'hiver, apparaît dégradé.
Les maires le plus souvent, et c'est le cas à Paris, mettent en cause le climat.
Il faut comprendre comme se forme un nid de poule. L’eau s’infiltre sous la chaussée, et en phase de gel, elle gonfle et soulève la couverture d’asphalte, qui se déforme. Ainsi fragilisée, elle résiste moins au passage des voitures, jusqu'à s’effondrer. Il a certes beaucoup plu cet hiver, même s'il n'a pas fait tellement froid : on a compté 7 jours de gel en moins à Paris que l'année dernière, selon Météo France.
Le problème, c’est que l’effet de ces gelées sur les routes a été amplifié par leur mauvais état. Beaucoup étaient déjà fissurées, abimées... En réalité, les nids-de-poule sont un symptôme de problèmes plus anciens : cela fait des années qu’on les rebouche, à la va-vite, sans rénover les structures, et que la situation se dégrade. A Paris, le budget consacré à l’entretient des chaussées et des trottoirs est passé de 4,4 millions d’euros en 2014, à 1,7 millions cette année, et on trébuche de plus en plus dans les cratères des trottoirs : les sommes versées aux piétons pour les indemniser, sur la même période, ont plus que doublé. (345 000 euros d'indemnités versées en 2014, et 878 000 euros en 2016.)
Et ailleurs en France, c’est pareil ?
Oui. Et cela inquiète l’Observatoire national de la route : l’État en France ne gère que 21 000 kilomètres de réseau, soit 2% du total. Tout le reste, plus d’un million de kilomètres, ce sont les collectivités qui en ont la charge. Et elles n’ont plus d’argent. Entre 2012 et 2016, les dépenses qu'elles consacrent à la voirie ont baissé de 26%. Parce qu'elles ont dû faire des économies en même temps que d'autres dépenses explosaient, l'aide sociale notamment, le RSA… sans que les dotations suivent. Et si l’argent que vous payez pour la route avec les taxes sur les carburants, la carte grise… rapporte quelque 39 milliards d’euros chaque année, il ne leur est qu’en partie reversé.
Dans bien des cas, les collectivités désargentées se sont contentées de colmater les brèches, avec des matériaux de moins bonne qualité. Les couches de surface des routes (les surfaces de roulement), qui ont une durée de vie de 12 à 15 ans seulement, ne sont que rarement renouvelées, bien que beaucoup soient en fin de vie. Selon un audit interne du gouvernement, il faudrait investir 10 milliards de plus d’ici 2027, simplement pour rénover un tiers de notre réseau qui est en mauvais état.
Comme ce n’est pas d’actualité, on part au plus urgent. Au risque de voir, demain, la facture exploser : régénérer la structure d’une route qu’on a laissée se dégrader coûte 5 à 10 fois plus cher, que d'entretenir sa surface régulièrement.