Chaque matin, Pierre de Vilno fait le point sur les dernières innovations automobiles.
L’innovation le lundi s'intéresse à l'hydrogène, auquel est consacré un salon en fin de de semaine à Paris
Le salon Hyvolution se tiendra au Parc floral, dans le Bois de Vincennes à Paris. Ce rendez-vous était un peu confidentiel, vu l’infime proportion que représentent les voitures qui fonctionnent à l’hydrogène. Pourtant, si certains constructeurs, comme BMW, ont été pionniers en la matière, aujourd’hui certains essayent de persuader des bienfaits de cette énergie, comme récemment encore le coréen Hyundai ou le numéro un 1 mondial, Toyota.
Qu'est ce qu'il y a de mieux ou de moins bien par rapport à l'électrique ?
Déjà il y a une différence au niveau de la fabrication. En France, l'immense majorité de l'électricité produite vient du nucléaire, qui n'est pas sans conséquence quand a des catastrophes comme Fukushima. Mais en temps normal, au delà du "risque", le nucléaire est une énergie propre. Pour l'hydrogène, c'est autre chose. Pour la fabriquer, il faut des produits pétroliers, d'où le chien qui se mort la queue, et le serpent de mer du CO2 qui revient à la charge. Cela représente 95% de la production. Le reste vient du solaire ou de l'éolien, mais là encore, tout le monde n'est pas convaincu. Le solaire est aléatoire et, comme l'éolien, il occupe des kilomètres carrés de paysage en les dénaturant.
Pour l'utilisation, pas besoin d'être savant. L'hydrogène rejette de la vapeur d'eau, donc le pire qui puisse arriver, en cas d'embouteillage monstre, c'est une atmosphère un peu humide, "humidifiante". A part cela, rien de si terrible.
Qu'est ce qui freine les gens dans l'idée de l'hydrogène?
Ce n'est pas tant les gens que les pouvoirs politiques et les lobbies qui freinent. D'un côté, on a encore et toujours des influents qui travaillent pour les grands pétroliers, et de l'autre on a des infrastructures quand même assez lourdes à mettre en place. Tout cela n'est pas simple.
Quant à la population, elle a été très peu interrogée sur le sujet, mais il y a une petite crainte quand même à l'utilisation de l'hydrogène. Les cas d'accidents extrêmes, ce sont les incendies de dirigeables et l'utilisation qu'on a faite par le passé de l'hydrogène à des fins militaires, avec la terrible bombe H.
Une seule solution pour promouvoir l'hydrogène, investir rapidement dans les stations de recharge. Il faut voir qu'à l'utilisation par rapport à l'électrique, vous avez une autonomie plus grande, et surtout vous faites le plein comme avec de l'essence, en 5 minutes, pas en une nuit !
Et puis il y en a un autre qui commence à mettre des bâtons dans les roues de cette énergie, c'est Elon Musk, le patron de Tesla, le constructeur américain de véhicule électrique haut de gamme. Pour lui, cette énergie est "une belle connerie". Pas étonnant, évidemment ça lui nuit, financièrement surtout.
Mais l'électrique pose des problèmes de recyclage, en plus ?
Oui, c'est le même serpent de mer qui est brandi par les pétroliers : le recyclage des batteries au lithium, ça n'est pas réglé. Que fait-on de ces matières toxiques? Il faut les manipuler avec précaution. Et que deviennent-elles? Là encore, le recours à l'hydrogène paraît plus simple.