Un déménagement peut être source d'angoisses. Pour y remédier, Anne Cazaubon conseille d'avoir recours à la visualisation créatrice, qui peut aussi s'avérer utile dans d'autres domaines de la vie.
Anne Cazaubon, même vos cartons de déménagement vous inspirent pour nous livrer des antidotes…
Oui parce que vraiment, ce n’est pas rien un déménagement. C’est même le troisième traumatisme d’une vie. Et le pire c’est que ça dure au moins six mois à priori. Pour certains, beaucoup plus ne faites pas comme si de rien n’était et regardez bien sous l’escalier, ces quelques cartons que vous n’avez jamais ouverts depuis votre installation dans cette maison il y a huit ans. Pour ma part, je suis passée de l’autre côté de la rivière, du côté de l’emménagement. J’ai rendu les clés de l’ancien logement et je suis dans ce nouveau lieu mais même là, certes dans cet espace des possibles, au pied du mur de cartons qui s’étend du sol au plafond, j’ai comme un petit coup de blues.
Alors je me suis renseignée, ça s’appelle la "déprime post-installation". Oui, on ne change pas de vie par magie et parce qu’on change de lieu. Il y a forcément un deuil à faire, celui de la vie d’avant, des habitudes, des contacts, des repères, d’une ancienne posture aussi. Et ce blues du déménagement, il est surtout provoqué par cette liste interminable de choses à faire. Des dizaines de démarches administratives, des cloisons à abattre, des fenêtres à changer, des parquets à poser, des meubles à repeindre, des sessions de perceuse, des piles de cartons à ouvrir… Bref, ni une, ni deux, j’ai foncé chez mon hypnothérapeute pour "travailler" comme on dit, tout ce qui se présentait à moi, à savoir une magnifique crise d’angoisse !
Ma psy m’a donc proposé de prendre une position confortable, puis de respirer et de descendre en moi, de faire comme une petite séance de spéléo intérieure. De descendre en rappel le long de ma peur pour aller y redéfinir, y redessiner cet intérieur justement, que je suis en train de meubler, dont je suis en train de redéfinir les contours.
Quel est l’exercice qu’elle vous a proposé de faire ?
Pièce après pièce, elle m’a invitée à visualiser et à énoncer tout ce qui me restait à faire dans la salle de bain, la chambre, pour que ce soit terminé, pour que ce soit exactement comme je le souhaiterais. J’ai donc commencé par la cuisine, et me suis mise à dire à voix haute, les tâches qu’il me restait à accomplir, ce mur qu’il me restait à peindre, ce placard qu’il me restait à monter et au fur et à mesure que je verbalisais, la pièce se transformait, sous mes yeux (enfin, "mes yeux fermés") puis j’ai poursuivi avec la salle de bain, la chambre, les fenêtres à changer, les cartons à vider puis le salon, l’étagère de livres en place, le canapé… Au fur et à mesure que je faisais tous ces travaux dans ma tête, l’appartement prenait forme.
Alors rien de concret pour l’heure (pensez-vous, ce serait trop beau) mais une bonne partie du travail était déjà faite puisque mon cerveau, puisque mes pensées, avaient intégré ce nouvel environnement, puisque mes cellules avaient ressenti un bien-être fou, dans ce lieu complet, bien en place, baigné de lumière. Une fois mon petit tour du propriétaire intérieur terminé, l’hypnothérapeute m’a invitée à faire de même pour les autres chantiers de ma vie. Pour la vie personnelle, pour la vie professionnelle… Visualiser une relation harmonieuse, charnelle, à la communication fluide, des missions professionnelles qui ont du sens… Et croyez-moi, depuis, ça va beaucoup mieux, merci. Parce que le chantier de la vie, on l’appréhende bien plus facilement une fois qu’on a déjà en tête, la photo du chef-d’œuvre unique que l’on en fera !
Même vos cartons de déménagement vous inspirent pour nous livrer des antidotes…