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À Copenhague, au Danemark, la Gay Pride s’est fâchée avec ses plus grands sponsors. Elle s’est auto-sabotée sur fond de conflit israélo-palestinien.
Tout a commencé en février dernier par un communiqué de presse. La Copenhagen Pride, l’organisation qui organise la semaine des fiertés LGBT dans la capitale danoise, traditionnellement au mois d’août, a publié une lettre ouverte expliquant que l'organisation « était solidaire du peuple palestinien » dans le conflit qui oppose Israël au Hamas à Gaza. Jusque là, rien de bien surprenant (si on met toutefois de côté un léger paradoxe. A Gaza on persécute et on tue couramment les homosexuels. Mais les organisateurs de la Pride de Copenhague ont décidé de ne pas s’arrêter à ce détail)
Ils sont allés beaucoup plus loin que ça.
Trop loin. Dans son communiqué, la Pride de Copenhague faisait aussi part à ses partenaires des « inquiétudes concernant leurs activités commerciales en Israël et dans les territoires palestiniens occupés ». La plupart des sponsors ont compris que la Pride exigeait d’eux qu'ils choisissent un camp dans la guerre entre Israël et le Hamas. Et pire qu’on voulait bien de leur argent, mais en se réservant le droit de les clouer au pilori... C’est mal passé.
Et les uns après les autres, ils se sont retirés.
Oui. L’armateur Maersk, un des plus grands groupes de logistique au monde au claqué la porte, comme l’opérateur de ferries DFDS. Et puis le voyagiste TUI, Google, le laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk, la banque Nykredit, et enfin Dansk Industri, l’équivalent de notre Medef. Tous ont repris leurs chèques et leurs soutiens. Bien fâchés qu’on ait pu leur demander d’exclure une partie de leurs salariés ou de leurs clients pour leur éventuelle opinion sur un conflit qui n’a rien à voir avec la cause pour laquelle ils se sont engagés au début, les droits des homosexuels.
Commentaire de l’un des sponsors : « Avec cette politisation accrue, nous estimons que la Copenhagen Pride n'est pas actuellement la communauté inclusive qu'elle était censée être à l'origine, la confiance est rompue.”
Quelles conséquences pour la Pride de Copenhague ?
Une grosse tourmente. Le président, Lars Henriksen, figure haute en couleur, qui est également un homme politique en vue au sein du parti vert Frie Gronnen a démissionné. Il est remplacé par un intérimaire qui est en train de ramer pour reconquérir les sponsors, et de se répandre en excuses: “Nous ne demandons à personne de prendre position dans des conflits. Notre objectif est les droits LGBT+. Cela a toujours été ainsi, mais nous n'avons tout simplement pas su le communiquer suffisamment bien”, explique-t-il.
En attendant, il y a un gros trou dans la caisse, la Pride de Copenhague au mois d’août devrait être très réduite, et on craint qu’elle ne survive pas au scandale. Quelle ironie. Elle serait victime de sa grandiloquence maximaliste... Et de la mémoire courte de ses militants. Ils ont oublié qu’à Gaza et ailleurs en Palestine, les gays ne défilent pas, ils se cachent, ils se terrent, parce qu’ils risquent, eux, réellement leur vie.