Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Du rififi chez les Verts. Le député Julien Bayou a claqué la porte, à la fois du parti EELV et du groupe Ecologistes où il siège en tant que député de Paris.
Episode d’un feuilleton qui dure depuis des mois. L’ancien secrétaire national du parti a été poussé dehors, cette fois, par une plainte de son ancienne campagne, l'activiste de Nous toutes.org, Anaïs Leleux qui l’accuse de « harcèlement moral » et d’« abus de faiblesse ». Il a sauvé son siège après un vote des autres députés verts. Mais les adhérents d’EELV ont entamé ce week-end une « grève militante » en signe de protestation. En pleine campagne européenne, un désastre, il a dû déguerpir.
C’est la deuxième fois.
En septembre 2022, alors coprésident du groupe à l’Assemblée Julien Bayou avait déjà dû se mettre en retrait après des premières accusations de la même femme, transmises à la cellule interne sur les violences sexistes et sexuelles. Ca n’avait jamais été plus loin. Aucune plainte, pas même un témoignage devant la cellule. Mais il n’a jamais été réintégré.
On peut être vraiment surpris de la façon dont cette histoire est gérée.
Oui. C’est le règne de la rumeur et de l’arbitraire. Il n’y a aucune condamnation en justice, pas même une enquête officielle ouverte, rien, hormis la petite cuisine des Verts autour d’une affaire privée et d’une rupture visiblement moche. Mais la dénonciation vaut culpabilité.
EELV est empêtré dans sa chasse aux sorciers sexistes et doit trouver des preuves. Marine Tondelier, la secrétaire nationale assure avoir « reçu de nouveaux témoignages de “comportements inadaptés”. Elle a mandaté un cabinet indépendant pour rassembler des faits, dont on n’a pas le début jusqu’ici. On invite les personnes qui ont des choses à reprocher à Julien Bayou à le faire. Ambiance procès stalinien. “On sait que c’est un salaud, aidez-nous à le prouver”. C’est effrayant.
Julien Bayou ne l’entend pas de cette oreille.
Mon confrère de l’Opinion Antoine Oberdorff s’est procuré le message que Julien Bayou a envoyé à la direction d’EELV. Il y évoque la diffamation, « un appel à la délation » qui le désigne comme coupable et qui le discrédite. Tout est fait à l’envers, dans cette histoire.
Une histoire dangereuse pour EELV.
On sait toujours où commencent les tribunaux du ragot, où les on-dits se substituent à la loi. Le boomerang revient toujours au visage de ceux et celles qui l’ont lancé. Ils et elles se verront un jour reprocher paroles déplacées ou attitudes blessantes, réelles ou imaginaires, dans ce parti d’éternels offensés. Tout ce que fait EELV, c’est passer d’un excès à un autre. Transformer un parti où les femmes ont effectivement été victimes du sexisme, en parti où les hommes sont sous la menace de la rumeur... On a l’impression qu’ils n’apprennent jamais de leurs erreurs. L’immaturité politique risque de se payer très cher.