En Espagne, le cannabis met en péril le réseau électrique

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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

L'Espagne fait face à un bond de sa production de cannabis. Cette culture a beau être clandestine, il y a des signes qui ne trompent pas.

Une histoire étonnante racontée par la correspondante en Espagne du quotidien les Echos. Ce n’est pas la police ou la justice qui sonnent l’alerte sur une explosion de la production de cannabis, ce ne sont pas non plus les services de renseignement. C’est un des deux plus grands fournisseurs d’électricité du pays, Endesa, une filiale de l'italien Enel.

Comment le sait-il ?

Ce fournisseur d’énergie a détecté, depuis cinq ans,  une explosion de 35 % du nombre de branchements frauduleux sur ses câbles.  Il compte, tenez-vous bien, 150 manipulations irrégulières chaque jour sur son réseau,

Les trois quarts de ces vols d’électricité sont destinés à l'alimentation de sites de production intensive sous serre. Et ça se voit tout de suite, parce que la culture du cannabis sous une puissante lumière artificielle et sous atmosphère conditionnée et ventilée garantit peut-être un super rendement... Mais elle  est aussi un gouffre énergétique.  Et quand un jour un transformateur fait d’un coup un bond de 20 mégawatts à 120 mégawatts, sans raison apparente, forcément, ça se voit.

Que dit l’expérience d’Endesa de la culture du cannabis en Espagne ?

La présence grandissante de plantations d'envergure et d'une activité très « professionnalisées. Les installations sont de plus en plus performantes. Les producteurs travaillent avec des connexions souterraines difficiles à voir, ils s'appuient sur l'intelligence artificielle pour optimiser l’éclairage et les récoltes.

Ce qu’il y a derrière, ce sont des groupes mafieux internationaux, parmi lesquels une forte présence de Français, tous attirés  par une législation plus clémente non seulement pour la culture de cannabis... Mais aussi face au délit de connexion illégale.

C’est tellement lucratif que les contrôles et le démontage des installations ne découragent pas les réseaux mafieux. Témoignage d’un garde civil cité par les Echos :  « Il nous arrive de confisquer le matériel le matin et de voir l'après-midi même les membres du groupe en train d'acheter de nouveaux équipements pour relancer la production. »

Le vol d’électricité pèse lourd dans les comptes d’Endesa et sur la société espagnole

Deux milliards d'euros de pertes par an. Selon les estimations globales du secteur, les plantations de cannabis détournent chaque année 2,2 térawatts heure d'électricité, soit l'équivalent de la consommation annelle des 700.000 habitants de Séville. Ce sont les clients qui paient.

Mais la menace n’est pas que financière. Les branchements pirates pénalisent les clients qui avec des coupures dues à la surcharge et aux pics de consommation imprévus. Pire, ils entraînent des risques de courts-circuits et d'incendies potentiellement mortels.

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