Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Une initiative étonnante à l’Université de Clermont Auvergne, en cette rentrée. Un système de crédit maladie pour les étudiants. De quoi s’agit-il ?
Les étudiants de cette université bénéficient cette année d’un dispositif test. Des crédits jours maladie ( quatre par étudiant et par année universitaire) et des congés pour troubles menstruels (10 par étudiante et toujours par année universitaire).
Ssi un élève rate un cours obligatoire en raison d'un problème de santé, ou pour des règles douloureuses, il n’est pas pénalisé et il n'a pas à le justifier auprès de la fac par un certificat médical. Il se signale par une application. Pour la fac, c’est un dispositif destiné aux petits ennuis de santé, qui ne nécessitent pas de soin, mais du repos. Une gastro, un coup de froid, un épisode de fièvre ( j’ajoute : une gueule de bois). Cela évite aux étudiants de d'encombrer les cabinets médicaux ou bien le service de santé de l'université.
Le système a quand même posé des limites.
Oui : les étudiants doivent apprendre à utiliser ces jours à bon escient . C’est quatre jours de crédits maladie, pas un de plus. On ne peut évidemment pas prendre quatre jours en une seule fois, C'est deux jours consécutifs maximum. Au-delà, on n’est plus dans la bobologie, on va voir le médecin.
Et puis, ces congés maladie sont réservés à l’enceinte de la fac. Les étudiants en alternance, ne sont pas concernés quand ils sont dans le monde de l’entreprise. Là, ce sont les règles communes qui s’appliquent.
Et pour ces fameux dix jours de congés menstruels ?
Là encore, Il y a des conditions. Les étudiantes concernées par des règles invalidantes doivent se signaler auprès de la scolarité dès la rentrée. Et elles peuvent bénéficier du dispositif après un rendez-vous au service de santé de l'université pour voir si un traitement peut être mis en place. Une occasion de faire de la pédagogie, peut-être du dépistage de maladies encore sous-traitées, comme l’endométriose.
Bonne idée ou fabrique à paresseux ?
C’est expérimental. L’Université évaluera à la fin de l’année. Faut-il poursuivre, corriger ou abandonner. C’est pas mal, d’essayer et de faire un retour d’expérience.
J’ai envie d’y voir quelque chose de positif : c’est un moyen de prendre les étudiants au sérieux. A eux de peser les conséquences de leur choix pour eux-mêmes. Le système ne repose sur aucun contrôle, simplement une déclaration sur l’honneur. Oui, il y aura des abus. Mais on est à la fac : un cours manqué, ce n’est pas comme un jour de travail manqué dans une entreprise. La personne pénalisée, c’est l’étudiant lui-même. On peut prendre ça comme une école de la responsabilisation. Est ce qu’on se fait un peu violence si on est flagada un jour de cours important, par exemple. Finalement, c’est une petite expérience sociologique intéressante. Ce qui serait encore plus intéressant, c’est de la mener sur plusieurs années, en corrélant les absences bobologie et le taux de réussite. IL y aurait certainement des enseignements a en tirer, par exemple sur les signes et les moments du décrochage universitaire