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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Le grand ras-le-bol des activistes écologistes, ce matin Vous revenez sur une enquête de Libération, appelée “Désobéissance civile : pourquoi les collectifs écologistes renoncent aux jets de soupe sur les tableaux ou aux blocages de route”

Libé raconte comment, partout en Europe, les activistes du climat, adeptes des blocages de routes, d’aéroports, d’interruptions d’événements et de jets de soupe sur les tableaux, doutent. Libé prend pour exemple Letzte Generation Autriche, un collectif qui depuis 3 ans multiplie les coups d’éclat pour alerter sur la catastrophe climatique. Il a jeté l’éponge en août. Sur un constat : ce qu’il fait ne sert à rien. “En dehors de nos milieux où l’on comprend la stratégie, les gens ont du mal à concevoir pourquoi ils sont la cible des militants.”

La prise de conscience va même au-delà de ça.

Ils ne sont pas seulement incompris. Ils découvrent que de se coller au sol produit l’effet inverse de celui recherché. Le message d’alerte climatique est banalisé par les clowneries comme les jets de soupe sur les tableaux, rendu inaudible et secondaire par les perturbations infligées aux autres. Touchante naïveté. Qui aurait pu se douter que polluer quotidien de ses concitoyens, en leur jetant au visage qu’ils sont des salauds, en hurlant que le gouvernement ne fait rien, sans rien proposer de concret pouvait agacer?

Que de temps et d’énergie perdus

Prenons le cas d’Extinction Rebellion, par exemple. Mouvement de panique climatique originaire de Grande Bretagne, qui s’était singularisé en boquant Londres à plusieurs reprises. Il a lui aussi tout arrêté en 2023.  Une de ses militante  interrogée par Libé affirme avoir “vieilli de 20 ans au cours des 6 dernières années. Nous sommes bénévoles, travaillons 24 h sur 24 pour cette cause, la plupart d’entre nous perdent des amis à force de ne plus les voir, se plaint-elle.... Le temps et l’énergie de ces jeunes gens favorisés, qui vivent dans des pays développés et ont l’éducation à portée de main,  aurait été plus utile investis dans des études d’agronomie, de sciences de l’environnement, d’ingénierie énergétique. Il y a quelque chose de navrant et de triste dans le fait qu’ils ont choisi la gesticulation vaine plutôt que de se retrousser les manches.

Il se trouve aussi que l’impunité touche à sa fin.

 Cinq militants écologistes de Just stop oil, groupe activiste anti pétrole, ont été condamnés à quatre et cinq ans de prison le blocage du périphérique de Londres en novembre 2022, les pires peines jamais prononcées pour une manifestation dite “non violente”. Non violente, c’est vite dit. Le procureur a dressé la liste des conséquences du blocage : 700 000 personnes affectés, des vols, des funérailles, des rendez-vous médicaux manqués, des vies mises en danger. Un coût économique de deux millions d’euros. L’effet a été dévastateur dans l’opinion publique, qui s’est retournée contre les activistes, finalement accusés de mener des campagnes de violence sociale... Et puis la punition a calmé tout le monde

Retour à la raison  ? Enfin ?

Pas certain. Une des éco activistes interrogées par Libé redoute que la fin des actions type blocage de route et collage au sol cause une “radicalisation” voir des actions de sabotage. Une partie des militants, explique Libération, parie maintenant sur des actions ciblées contre les infrastructures et l’agroindustrie, dans l’espoir d’être je cite “ mieux compris”.