2:46
  • Copié

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Comment limiter l’absentéisme des fonctionnaires pour faire des économies ? Faut-il porter à trois le nombre de jours de carence dans la fonction publique, pour éviter les absences courtes et répétées ? Cela fait partie des débats du projet de loi de finances. On a un cas concret sous les yeux : la mairie de Paris. 

Hier, au Sénat, Guillaume Kasbarian, le ministre de la fonction publique était interrogé sur la façon de réduire l’absentéisme des agents de l’Etat. Agnès Evren, sénatrice LR de Paris  lui a proposé un cas pratique : la mairie de la capitale.

Elle a livré des chiffres fous, qui sont issus du rapport social de la ville de Paris, qui a été présenté par l’équipe Hidalgo aux élus lors du dernier conseil municipal, il y a un mois. Des chiffres tout ce qu’il y a de plus officiels. On y apprend que le taux d’absentéisme des fonctionnaires de la mairie de Paris atteint 9.4%, soit le double de ce que l’on constate en France dans le secteur privé.

Selon ma petite enquête, y a même des services de la mairie de Paris ou les chiffres crèvent le plafond. Par exemple le service des ressources humaines (celui qui est supposé veiller au grain)... Il compte 400 agents. Leur taux d’absentéisme est de 31 %. Un sur trois manque à l’appel chaque jour.

Le nombre de journées d’absence à la mairie de Paris est ahurissant.

Oui, et là, ce sont les chiffres du ministre de la fonction publique. Il explique que le nombre de jours d’absence des salariés du privé en France, c’est 11,6 par an en moyenne. Pour la fonction publique : 14.6 jours par an. Et à Paris, ce sont 39,6 journées par agent et par an qui ne sont pas travaillées.

Ça coûte un fric colossal.

Les agents de la ville de Paris sont 54 000. Comme le rappelle Agnès Evren, la capitale emploie plus de personnes que toutes les institutions européennes. L’absentéisme dans cette petite armée municipale coûte 250 millions d’euros par an aux contribuables parisien. Et ça leur coûte en qualité de vie, en services mal rendus, en missions mal effectuées. La ville a une dette colossale, mais elle n’a aucune rigueur dans la gestion de ses dépenses de personnel.

Ça pose des questions sur la gestion des ressources humaines de la ville de Paris.

On ne peut pas dire qu’on y soit accablé par les cadences infernales. Je rappelle que la capitale s’est fait taper sur les doigts par la justice en mars 2022 parce que ses agents n’effectuaient pas 35 heures par semaine, mais moins. La mairie continue de ruser, et grâce à des petits tours de passe-passe, 80% des agents ne sont toujours pas aux 35 heures.

Leur absentéisme peut avoir deux causes : soit un laisser faire accablant, pour acheter la paix sociale, ce qui n’est pas improbable, soit un vrai mal-être au travail. Ce qui serait quand même un comble. Anne Hidalgo a derrière elle une carrière d’inspectrice du travail. Elle est supposée être au courant qu’un absentéisme qui explose signale souvent une gestion catastrophique du personnel.