Paris, sus aux SUV

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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Hier, les Parisiens étaient appelés aux urnes pour une votation, un scrutin organisé par la mairie de Paris. La question : “«pour ou contre la création d'un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes».

Votation citoyenne imaginé en plein Tahitigate, pour tenter de faire diversion à l’équipée de la Maire de Paris sous les cocotiers. Ca a donné cette question d’une rare subtilité, qu’on pourrait traduire par “ êtes vous du côté des gentils ou de celui des méchants pollueurs à grosses bagnoles de riches “. L'affaire est devenue, dans la comm’de la mairie, un réferendum “pour ou contre les SUV”. ET donc, hier, la multiplication par trois du tarif du stationnement de ces SUV a été adoptée à une courte majorité : 54,6% des voix.

Une victoire pour Anne Hidalgo.

Oui, si on considère comme une victoire qu’une votation supposée rassembler les gentils parisiens anti grosses bagnoles conduise aux urnes seulement 5.68% des électeurs, soit 78 000.. La votation citoyenne a coûté 400 000 euros. Ca fait cher la diversion politique...

Mais est-ce que ça peut être efficace, cette votation ?

Le mantra, c’est “plus c’est gros, plus ça pollue". Mais tout ça est bien flou. Devraient être pénalisés : les véhicules thermique ou hybride rechargeables dépassant 1,6 t., ou 2 t. pour un véhicule électrique.

Ca, ça ne veut pas dire “ SUV” bien que ce soit ce mot que la mairie ait employé pour vendre sa votation, sans être capable de le définir. Le SUV, véhicules utilitaires de sport, c’est une catégorie marketing qui ne veut rien dire en termes de poids ou de puissance. D’ailleurs, le SUV le plus vendu en France, la Peugeot 2008, pèse 1300 kg, moins que les 1600 kg fatidiques. Et puis, pénaliser aussi les véhicules hybrides ou électriques, ça n’a ni queue ni tête pour lutter contre la pollution... Il y a un problème de philosophie, dans cette votation. La mairie a cherché une tête de turc facile, pas l’efficacité. Le but, ce n’était pas moins de fumées d’échappement, mais plus d’enfumage pour faire oublier le naufrage de sa gestion.

On ne verra moins de grosses voitures dans Paris ?

18euros de l’heure de stationnement, c’est dissuasif. Mais pour qui? Pas pour les résidents qui ne sont pas concernés. Faire voter le parisien en l’exemptant des éventuelles contraintes :  on a rarement fait plus démago.

La mairie de Paris s'offre un petit jeu de bonneteau sur le dos des banlieusards et des provinciaux. Ce sont eux qui paieront. Tous ceux qui ont vraiment besoin d’une voiture familiale au quotidien et qui n’ont pas la présence d’esprit d’en avoir une petite  uniquement pour visiter la capitale. Qu’ils restent chez eux. Paris aux Parisiens.

Ça a une chance d’être appliqué un jour ?

On sent déjà que le machin bricolé à la va -vite est une source de contestation sans fin. Des juristes se penchent sur l’affaire, considérant que c’est l’organisation d’une rupture d’égalité. Des associations d’automobilistes attaquent au tribunal administratif en mettant en avant l’insincérité du scrutin, et du discours biaisé de la mairie. Anne Hidalgo n’est pas à l’abri d’un retour de boomerang

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