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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Le Pavillon des Sources de Marie Curie refait parler de lui. Emmanuel Ducros avait raconté le début de l’histoire il y a quelques semaines.

Le 4 janvier, exactement, alors qu’il restait moins d’une semaine pour sauver ce bâtiment de la destruction. Le pavillon des sources, c’est un des trois édifices du XIX e siècle qui constituaient les laboratoires de recherche de Marie Curie, un des berceaux de la science nucléaire. Il est situé dans le 5e arrondissement de Paris, à deux pas du Panthéon. Il était voué à la destruction. L’Institut Curie de recherche contre le cancer a besoin de l’emplacement pour bâtir un immeuble. Il y avait eu une forte mobilisation.  Stéphane Bern s’était insurgé dans les colonnes du Figaro

Les amoureux du patrimoine parisien, tous ceux qui ont à cœur de préserver la mémoire de Marie Curie s’étaient indignés avec lui. Ils en avaient appelé à la ministre de la Culture pour qu’elle arrête les pelleteuses.

Ministre qui était alors Rima Abdul Malak. Laquelle avait suspendu la démolition le temps de trouver une solution. Quelle n’a pas été la surprise de tous ceux qui espéraient que c’en était fini de cette histoire avec l’arrivée au ministère de la Culture de Rachida Dati, qui avait pris fait et cause pour le pavillon quand elle était encore élue de Paris. Elle a annoncé hier que le pavillon serait sauvé.

Mais accrochez-vous.  Il va être démonté pierre à pierre, ou plutôt brique à brique, puis rebâti “à quelques dizaines de mètres de son emplacement initial” selon Rachida Dati. Classé APRES son déménagement et “valorisé dans un projet muséal ambitieux”, comme on dit dans le jargon des ministères. Et l’immeuble de bureaux verra bien le jour. “Un moyen de faire converger deux grands enjeux, la préservation de la mémoire et celui de l’avenir de la recherche sur le cancer”, dixit la ministre

L’idée a fait bondir les défenseurs du lieu.

Les défenseurs de l’héritage Marie Curie sont furieux. Ils se sentent trahis. Ils espéraient trouver en Rachida Dati une alternative au dilettantisme de l’actuelle majorité pour la protection de la ville. Ils en sont pour leurs frais. Le remontage, ils n’y croient pas.

D’abord, parce que la décision ne revient au ministère de la Culture qui s’est un peu avancé.  Le musée est géré par une fondation privée et par le CNRS.

Ensuite, parce que plusieurs monuments parisiens ont déjà fait les frais de ces tours de passe-passe, la halle ferroviaire des Batignoles, un beau bâtiment de fer et de bois de 1840, mis en pièces pour installer le parc Martin Luther King a été mis et pièce puis laissé à pourrir à l’air libre. Il a fini à la ferraille et n’a jamais été remontée malgré les promesses. Des fontaines, démontée porte de la Chapelle le temps de travaux ont détruites

Ça semble d’un autre temps, ce bâtiment balladeur.

Une solution à l’Américaine, comme quand le marchand d’art américain Barnard achetait en Europe des monastères, les faisait démonter, transporter par bateau, et reconstruire aux Etats-Unis. On peut ainsi en voir plusieurs à New York. Mais ça, c’était en 1913. Depuis, on a quand même un peu progressé dans ce qu’est la préservation du patrimoine. Plus personne ne pense qu’un lieu d’histoire, c’est un tas de cailloux qu’on stocke là où il ne dérange pas...