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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

L’histoire d’une spectaculaire volte-face sur la sécurité ce matin. Celle de Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux.

Pierre Hurmic a annoncé hier que d’ici à mi-2025, Bordeaux allait armer une de ses brigades de polices municipale, soit un quart des 200 agents de la ville. Il s’y était toujours refusé, comme d’ailleurs les autres maires écologistes de France s’y refusent, le plus souvent par déni de l’insécurité, parce qu’ils estiment, contre les faits, que les politiques alternatives basées sur la prévention et les méthodes douces sont plus efficaces. En avril dernier, Pierre Hurmic disait encore "Je ne suis pas un shérif, et les agents ne sont pas des cow-boys".

Qu’est-ce qui l’a décidé à accrocher une étoile de shérif au revers de sa veste ?

Le fait de se heurter au mur de la réalité, peut-être ? l’élu écologiste assume une décision « qui ne serait pas forcément celle qu'il aurait prise en début de mandat ».  Il s’y est résolu  face aux “crimes et délits qui ont fortement augmenté » dans la métropole bordelaise”, il et face à une insécurité  de plus en plus visible, qui touche en priorité les "personnes les plus vulnérables."

“ J’ai l’impression que le monde s’est aggravé, qu’il y a plus d’armes qui circulent. Je trouve normal que du côté des forces de police municipale il y ait aussi une façon de répondre à cette augmentation des armes. Le contexte a changé, s’est un peu aggravé.” Et puis, les élections municipales approchent. Il va falloir rendre des comptes aux électeurs en 2026.

Dans l’équipe municipale bordelaise, on entend grincer des dents.

Les policiers municipaux ont le sentiment d’avoir été entendu, mais une partie de l’équipe municipale se sent trahie dans ses idéaux. Les équipes de France 3 à Bordeaux rapportent ce cri du cœur d’un membre de l’équipe municipale : "On n'a pas été élus pour ça. On a été élus pour un programme de gauche. Les gens ne votent pas pour un maire écolo pour ça". Certes, mais les gens n' acceptent pas non plus de vivre dans un coupe-gorge pour le plaisir de rester gauche. La grandeur d’âme a ses limites.

Le maire se justifie : le choix d’armer la police municipale n'est pas le fruit d'un "débat manichéen et simpliste". C’est ça la vraie révélation : un maire écologiste, et pas le moins dogmatique, concède que la réalité est complexe, que les bons sentiments et la supériorité morale ne suffisent pas à faire une politique publique de sécurité.

Pierre Hurmic est en avance sur les autres maires écologistes dans sa prise de conscience.

Il a dû aussi admettre parce que, dit-il “ il n’est pas dogmatique” que l’extinction de l’éclairage public qu’il a imposée par économie la nuit dans certaines rues de Bordeaux pose des problèmes de sécurité. Des pétitions circulent, il a cédé, Bordeaux va en rallumer certaines. En avril dernier, il avait déjà assumé le recours à la vidéoprotection, outil honni des écologistes.

Est-ce que le précédent Bordelais de retour à la réalité du maire écolo de Bordeaux fera des émules ? A Lyon, à Grenoble, des villes gangrenées par la violence, l’insécurité et le trafic de drogue, les règlements de compte, une bonne partie des habitants aimeraient que les maires verts aient, eux aussi, une illumination.